Pour BCE (BCE) et Telus (T), la décision d'Ottawa d'imposer une nouvelle taxe sur les fiducies de revenu représente en quelque sorte un retour à la case départ, qui les obligera à recourir des moyens plus "traditionnels" pour dégager des liquidités et grimper en Bourse.

Pour BCE (BCE) et Telus (T), la décision d'Ottawa d'imposer une nouvelle taxe sur les fiducies de revenu représente en quelque sorte un retour à la case départ, qui les obligera à recourir des moyens plus "traditionnels" pour dégager des liquidités et grimper en Bourse.

C'est ce qu'ont indiqué hier des analystes à La Presse Affaires, au lendemain de l'annonce-surprise du ministre fédéral des Finances, qui a décrété la création d'un impôt sur les distributions versées par les fiducies de revenu.

En réaction, BCE et Telus ont toutes deux annoncé qu'elles remettaient en question leurs conversions en fiducies de revenu, annoncées il y a quelques semaines. Ces manoeuvres visaient dans les deux cas à économiser des centaines de millions de dollars en impôt.

"De tout évidence, c'est une décision vraiment majeure qui aura un impact substantiel sur la valeur immédiate qu'une fiducie aurait procurée à nos actionnaires", a déclaré Michael Sabia, président et chef de la direction de BCE, pendant une téléconférence.

BCE, principale société de télécommunications au Canada, avait annoncé sa conversion en fiducie de revenu le 11 octobre dernier, un mois jour pour jour après une annonce similaire faite par sa rivale Telus. La mesure visait entre autres à redonner du tonus au titre de l'entreprise, moribond depuis plus de trois ans.

La manoeuvre a fonctionné. Au cours des dernières semaines, le titre de BCE a fortement grimpé, variant le plus souvent entre 31$ et 32$. Hier, l'action a perdu tous ses gains récents (-11%), pour terminer la journée à 28,10$ à la Bourse de Toronto.

Chez Telus, les dirigeants se sont montrés avares de commentaires hier. Dans un communiqué, l'entreprise vancouveroise a laissé savoir qu'il n'y avait "désormais aucune garantie que Telus poursuivra son projet de transformation en fiducie de revenu". Le titre de l'entreprise a chuté de 14%, à 56,15$.

À elles deux, Bell et Telus ont perdu 5,4 milliards de dollars en valeur boursière hier, a déploré George Kesteven, président de l'Association canadienne des fonds de revenu, pendant une téléconférence.

Créer de la valeur

Que feront les deux géants des télécoms pour "créer de la valeur", maintenant que la conversion en fiducie de revenu apparaît de moins en moins viable? Ils devront en quelque sorte revenir aux sources, dit l'analyste Joseph MacKay, de Valeurs mobilières Desjardins.

"C'est un retour aux affaires comme elles étaient avant, a-t-il dit pendant un entretien téléphonique. L'industrie va continuer à se concentrer à améliorer son secteur sans-fil, ce que Rogers, Telus et Bell font très bien."

Greg MacDonald, de la Financière Banque Nationale, souligne quant à lui diverses "options pour créer de la valeur aux actionnaires", parlant du cas de BCE en particulier.

"Il faut réaffecter ces flux de trésorerie disponibles d'une manière ou d'une autre, a-t-il expliqué. La grosse question, c'est: est-ce que la compagnie va augmenter son dividende? Va-t-elle intensifier son programme de rachat d'actions? Faire des acquisitions?"

Autant de questions qui demeureront en suspens, tant que BCE n'aura pas déterminé si elle abandonne définitivement son projet de fiducie de revenu. Telus devrait pour sa part donner un peu plus de détails sur sa position, demain, après la divulgations de ses résultats de troisième trimestre.

BCE

Prix de fermeture :

28,10 $

Variation hier :

- 3,60 $

(-11,4 %)

Valeur boursière :

- 2,9 milliards

TELUS

Prix de fermeture :

56,15 $

Variation hier :

- 8,78 $

(-13,5 %)

Valeur boursière :

- 3,1 milliards

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