L'année 2007 n'est pas encore terminée, mais c'est déjà une année noire pour l'industrie pétrochimique québécoise.

L'année 2007 n'est pas encore terminée, mais c'est déjà une année noire pour l'industrie pétrochimique québécoise.

L'usine de polypropylène Basell, de Varennes, est devenue la troisième victime d'une fermeture, cette année, dans ce secteur industriel.

Près de 100 employés permanents et 33 contractuels perdront leur emploi à Varennes, a annoncé vendredi soir la multinationale pétrochimique néerlandaise Basell.

L'usine cessera de produire ce plastique dur, rigide et résistant à l'abrasion en avril 2008.

La fermeture de l'usine de Varennes coïncidera avec l'ouverture d'une nouvelle usine de polypropylène au Mexique et Basell augmentera aussi sa capacité à son usine de Bayport, au Texas.

La semaine dernière, l'usine de polystyrène rigide Nova Chemicals, dans l'est de Montréal, a aussi reçu sa sentence de fermeture; 40 employés seront au chômage d'ici Noël. À Mansonville, en Estrie, c'est l'usine de polystyrène expansible Huntsman qui a fermé ses portes plus tôt cette année, laissant 38 personnes sans emploi.

«Tout le secteur manufacturier québécois souffre de la hausse du dollar canadien (face au dollar américain) et il y a une partie du secteur pétrochimique que cela rend très vulnérable, comme on le voit avec ces mauvaises nouvelles», a expliqué Clément Drolet, directeur à la direction de la chimie, de la plasturgie, de la métallurgie et des équipements, au ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

Michael Mulrooney, président de Basell Amérique du Nord, a déclaré lundi qu'avec sa petite capacité de 200 000 tonnes par année, l'usine de Varennes, construite en 1974, avait des coûts par tonne trop élevés pour concurrencer les grandes usines construites durant les 10 dernières années.

Mauvais pour Pétromont

La fermeture de Basell est aussi une très mauvaise nouvelle pour l'usine d'éthylène et de propylène Pétromont, qui perd un de ses principaux clients.

«Il va falloir que nous prenions les moyens de trouver un autre client», a dit Louis Rail, vice-président chez Pétromont.

Le propylène fabriqué chez Pétromont est le principal ingrédient du polyéthylène que Basell cessera bientôt de fabriquer.

À Varennes, Pétromont et Basell sont voisins immédiats et l'éthylène produit par Pétromont coule par pipeline directement chez Basell. Pétromont est une coentreprise entre Dow Chemicals et la Société générale de financement.

M. Rail note que les entreprises des complexes pétrochimiques de l'est de Montréal et de Varennes sont interreliées, souvent clientes l'une de l'autre, et utilisatrices de sous-traitants communs.

«Quand une entreprise ferme, toute la chaîne est affectée en amont et en aval.»

Cela étant, il dit que l'usine de Pétromont n'est pas menacée par la disparition de Basell. Il note que le principal produit de Pétromont à Varennes est l'éthylène, et non pas le propylène consommé par Basell.

«Nous avons six mois pour trouver un autre client et, c'est important de le dire, ce n'est pas absolument obligé que ce soit un client de propylène, comme Basell. Notre équipement est très flexible et nous pourrions faire d'autres produits pétrochimiques, selon la demande.»

On assiste ici à un effet différé du libre-échange, a fait remarquer un cadre d'une firme active dans ce secteur, et qui a demandé l'anonymat.

«Ce sont de petites usines construites avant le libre-échange, faites pour approvisionner le petit marché canadien, à l'époque où le marché était protégé par des tarifs. La faiblesse du dollar canadien les a longtemps protégées de la fermeture, mais avec l'appréciation du dollar, elles ont perdu leur principal avantage concurrentiel face aux usines géantes au sud de la frontière.»

En Amérique du Nord, Basell est le plus grand producteur de polypropylène, un plastique abondamment utilisé dans l'automobile (pare-chocs, tableaux de bord, etc.) et pour les emballages alimentaires, pour les géotextiles et pour les cordes.

Enfin, même si la concurrence est dure, il y a moyen de faire de l'argent avec le prolypropylène: à preuve, les billets de banque australiens en sont faits!