Marc Arseneau est un habitué du monde des affaires. Sa première entreprise, le Québécois l'a montée il y a près de 20 ans déjà avant de la vendre, 10 ans plus tard.

Marc Arseneau est un habitué du monde des affaires. Sa première entreprise, le Québécois l'a montée il y a près de 20 ans déjà avant de la vendre, 10 ans plus tard.

En 2001, pilote amateur, il décide de commanditer un pilote québécois, Alexandre Tagliani, au moment où se dernier se lance en Champcar.

«J'avais souvent accès aux puits, raconte-t-il, et je me rendais compte de toutes les informations dont le public ne bénéficie pas: les feuilles de temps, les conversations entre un pilote et son équipe, les multiples canaux de télévision, etc. Quand j'amenais des clients en visite avec moi, l'expérience était vraiment différente depuis les puits. Mon idée a donc été de permettre aux spectateurs, dans les tribunes, de vivre cette expérience, par l'intermédiaire de petits écrans. J'ai lancé une compagnie en 2002, et on a signé un contrat avec la série Champcar, puis avec la série NASCAR.»

Kangaroo [[|ticker sym='T.KTV'|]] a donc débuté à Montréal. «J'ai commencé moi-même, avec mon frère et Alain Charrette (qui est vice-président). Aujourd'hui, nous sommes un peu plus de 50.»

Dont la plupart gèrent la technique: «Le premier problème, c'était de récupérer les signaux à afficher sur nos écrans, explique Alain Charette. Le seul moyen, c'était d'être totalement intégré dans le centre de production télé de M. Ecclestone. Pour nous, il était indispensable de conclure un accord avec lui – sans quoi notre projet n'aurait pas fonctionné!»

Les Québécois ont donc réussi à se brancher sur les ordinateurs de la FOM (la Formula One Management, l'une des sociétés de Bernie Ecclestone qui s'occupe du chronométrage) et à passer leurs informations par le réseau de fibres optiques que cette société pose sur chaque Grand Prix, autour de la piste, pour récupérer les informations des caméras embarquées.

Ces fibres optiques véhiculent donc les données de Kangaroo jusqu'aux quatre ou cinq transmetteurs que la société pose autour du circuit afin de couvrir toutes les tribunes de spectateurs.

Pour le spectateur qui regarde les essais et la course d'une place de tribune, les écrans de Kangaroo permettent de disposer à tout moment du classement.

Le reste – les conversations entre les ingénieurs et les pilotes, ou les images TV – semble moins utile. Aujourd'hui, bon nombre de gradins font face à un écran géant. Et il est pratiquement impossible d'écouter une conversation en raison du bruit ambiant.

Marc Arseneau, pourtant, refuse ces inconvénients. «Pour écouter les dialogues entre les pilotes et les puits, il faut mettre un casque, rétorque-t-il. En NASCAR, c'est spectaculaire: on dénombre plus de 30 % des spectateurs avec des écouteurs pour scanner ces conversations.»

De tels casques d'écoute sont toutefois totalement inexistants en Formule 1. Kangaroo aura du mal à convaincre des Hongrois, des Italiens ou des Français d'écouter des conversations qui ont lieu en anglais, et qui sont le plus souvent incompréhensibles pour un non-initié.

En NASCAR, la société loue déjà plusieurs milliers d'écrans à chaque épreuve. En F1, tout reste à faire: «Je pense que nous assisterons à une croissance exponentielle de ce marché en Formule 1, poursuit Alain Charette. Nous visons en premier lieu les sponsors et les écuries. À terme, on espère louer des appareils aux couleurs de chaque écurie. Puis, par émulation, nous espérons que les spectateurs suivront.»

Marc Arseneau, en tout cas, y croit. À terme, la F1 devrait même représenter un marché plus porteur que le NASCAR: «En F1, les spectateurs ne voient qu'une petite portion de la piste, et ils ont encore plus besoin de nos appareils pour savoir ce qui se passe.»

Les responsables de Kangaroo se refusent à dévoiler de chiffres sur la location de leurs appareils. Ce qui est certain, toutefois, c'est que la compagnie québécoise devrait rester en F1 à long terme: «Nous avons signé un contrat de six ans avec M. Ecclestone, précise Alain Charette. Et bien sûr, les meilleures années viendront à la fin, quand les téléphones portables permettront de recevoir nos signaux.»

Vu le nombre d'inconnues au départ, il fallait se montrer courageux pour se lancer dans une telle aventure. Jusqu'ici, Kangaroo a pourtant franchi toutes les étapes avec brio.

Reste désormais à convaincre les spectateurs – vous peut-être? – de mettre la main au porte-monnaie.