Les mauvais chiffres de la productivité aux États-Unis, couplés à un bond du coût du travail, compliquent la tâche de la Réserve fédérale dans un contexte de doutes sur la vigueur de la croissance.

Les mauvais chiffres de la productivité aux États-Unis, couplés à un bond du coût du travail, compliquent la tâche de la Réserve fédérale dans un contexte de doutes sur la vigueur de la croissance.

La hausse de la productivité du secteur non agricole a été révisée en baisse mardi à 1,6% au lieu de 3% annoncés initialement (en rythme annuel), ce qui est un peu en dessous des attentes des analystes (1,7%).

Cette progression médiocre intervient après une baisse de 0,5% au trimestre précédent. Elle s'explique avant tout par une nette révision à la baisse de la production (+2,5% au lieu de +4,2%).

Mais le rapport révèle de plus mauvaises surprises du côté des coûts du travail, qui ont été fortement réévalués à 6,6% au lieu de 1,7%. C'est la hausse la plus importante depuis le premier trimestre, et un motif d'inquiétude pour les analystes.

«Les chiffres d'aujourd'hui ne peuvent qu'inquiéter la Fed sur l'inflation - et lui compliquer la vie», souligne Nariman Behravesh de Global Insight.

«Même si les signes de faiblesse de l'économie s'accumulent, il est clair que le rythme sous-jacent de l'inflation augmente», a-t-il ajouté.

Les analystes soulignent que les chiffres du dernier trimestre ont sans doute été dopés par les primes, bonus et versements exceptionnels.

C'est pourquoi le rapport «va rendre encore plus importante la composante du salaire horaire dans le rapport mensuel sur l'emploi attendu vendredi», selon les analystes de Briefing.com.

Les marchés s'attendent à ce que 100 000 créations d'emplois soient annoncées pour février, avec une hausse de 0,3% des salaires horaires.

Mais la hausse des coûts unitaires du travail trahit aussi l'émergence de tensions inflationnistes sur le marché de l'emploi, où la faiblesse du taux de chômage (4,6% actuellement) place les salariés en meilleure position pour négocier des hausses de salaires.

«Les coûts du travail sont et vont sans doute continuer à être un problème pour les entreprises. De ce fait, la Fed ne pourra peut-être pas baisser ses taux aussi rapidement que prévu compte tenu de l'état de l'économie», souligne l'économiste indépendant Joel Naroff.

La banque centrale a pour le moment des taux arrêtés à 5,25%.

Les signes de faiblesse de l'économie se sont multipliés ces derniers temps, à commencer par la forte révision à la baisse de la croissance au dernier trimestre 2006 (2,2% seulement en rythme annuel).

Mardi encore de nouveaux signes de cette faiblesse sont apparus : les commandes industrielles ont chuté de 5,6% en janvier, et les promesses de vente dans l'immobilier ancien ont baissé de 4,1%.

Le secteur de l'immobilier est particulièrement surveillé depuis que les banques ont fait part le mois dernier de difficultés croissantes sur le segment des prêts à risques, consentis au plus fort de la bulle aux ménages les moins solvables.

Les analystes font de leur côté valoir que l'économie est sans doute entrée dans une nouvelle phase.

En 2006, les gains de productivité ont augmenté de 1,6% seulement, le niveau le plus faible en dix ans.

Depuis le pic de 4,1% observé en 2002, la hausse de la productivité n'a cessé de ralentir chaque année aux États-Unis, et on est revenu l'an dernier en dessous du rythme moyen de 2,2% observé au cours de la période 1947-2006.

«Le rythme de croissance soutenable à long terme est sans doute plus faible désormais», résume Mark Vitner du groupe Wachovia.