Diane Ruest, la victime de Norbourg qui a ému le Québec par sa dignité et son courage lors de son témoignage récent au procès de Vincent Lacroix, refuse la charité mais accepte les prières.

Diane Ruest, la victime de Norbourg qui a ému le Québec par sa dignité et son courage lors de son témoignage récent au procès de Vincent Lacroix, refuse la charité mais accepte les prières.

Mme Ruest est cette retraitée d'Hydro-Québec ruinée par le détournement des fonds Norbourg, qui a quitté famille et amis à Rimouski en 2006 pour recommencer à travailler à 9$ l'heure dans un centre d'appels de Trois-Rivières. Mme Ruest n'avait trouvé aucun emploi à temps complet dans sa région.

Cette femme réservée de 61 ans a livré un témoignage impressionnant en cour, mercredi dernier, au lendemain du verdict de culpabilité prononcé contre Vincent Lacroix.

Elle et quatre autres victimes de l'affaire Norbourg ont comparu pour raconter l'impact de la fraude sur leurs vies et pour aider le juge Claude Leblond à déterminer la sentence de M. Lacroix.

Le projet de retraite de Mme Ruest était de s'occuper de sa soeur, lourdement handicapée par un anévrisme cérébral en 1996. Mais elle a perdu l'essentiel des 62 000$ qu'elle avait investis dans les Fonds Evolution, qui ont été pillés par M. Lacroix.

La semaine dernière, plusieurs lecteurs ont contacté La Presse pour exprimer leur soutien aux cinq victimes de Norbourg qui sont venues témoigner.

Sophie Lavoie, gestionnaire qui habite Boucherville, a laissé un message à La Presse Affaires, se disant touchée par les malheurs de Mme Ruest et demandant comment joindre Mme Ruest afin de lui offrir sa solidarité et son aide financière.

On a suggéré à Mme Lavoie de consulter les numéros publiquement disponibles sur le site internet Canada411.

Contactée lundi, Mme Lavoie a dit à La Presse Affaires qu'elle a téléphoné à Mme Ruest à Trois-Rivières, mais que cette dernière a refusé toute aide financière.

«Mme Ruest est une femme très brave et vraiment une très bonne personne», a dit Mme Lavoie, qui dit avoir été touchée par l'attitude de Mme Ruest face au désastre qu'a été pour elle la disparition de son fonds de retraite.

«Nous avons connecté, je pense, on a jasé pendant un bon moment, a dit Mme Lavoie. Elle m'a dit qu'elle n'est pas une personne qui peut accepter de l'argent d'autrui. Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas qu'on la prenne en pitié et qu'elle n'avait pas témoigné dans le but d'attirer l'attention sur elle.»

Mme Ruest ne voulant pas d'argent, Mme Lavoie lui a demandé s'il y avait une autre façon de l'aider. «Elle m'a demandé de prier pour elle», a dit Mme Lavoie.

«Je fais ce qu'elle m'a demandé», a dit Mme Lavoie.

Mme Ruest et ses quatre compagnons d'infortune ont été appelés à la barre des témoins par l'Autorité des marchés financiers durant les «représentations sur sentence» de M. Lacroix.

Cette démarche visait à donner un visage humain aux infractions comptables et réglementaires très arides et techniques pour lesquelles M. Lacroix a été condamné.

Mme Ruest, femme menue et discrète, a dit ne pas tenir à ce que M. Lacroix «pourrisse en prison», mais elle tenait à ce qu'il sache les conséquences de ses gestes.

«Si je n'avais pas perdu ces fonds, je serais encore à Rimouski. Mais je vais passer Noël seule et pauvre», dans une ville où elle est heureuse de pouvoir gagner sa vie, mais où elle est étrangère et loin de sa soeur.

Le moment le plus intense de sa présence en cour s'est produit à la fin de son témoignage, lorsque M. Lacroix l'a regardée. Mme Ruest a longuement soutenu son regard et M. Lacroix a détourné les yeux.

Mme Ruest avait manifesté sa surprise que les médias s'intéressent à elle mercredi dernier, et avait clairement indiqué qu'elle ne tenait pas à l'attention dont elle a fait l'objet. Elle n'a pas rappelé La Presse Affaires lundi.

L'ex-PDG de Norbourg a été reconnu coupable, mardi dernier, de 51 chefs d'accusation d'avoir manipulé la valeur des parts de Norbourg et d'avoir remis des états financiers tripotés aux investisseurs et à l'Autorité des marchés financiers.

Environ 9200 investisseurs ont été floués de sommes totalisant 115 millions par de dollars M. Lacroix et ses complices.