Les avions militaires ont finalement largué leurs promesses de retombées économiques à coups de centaines de millions de dollars sur le Québec, lundi.

Les avions militaires ont finalement largué leurs promesses de retombées économiques à coups de centaines de millions de dollars sur le Québec, lundi.

Et avec plus de 660 millions de contrats en poche, l'industrie québécoise s'est montrée satisfaite.

Comme l'a rapporté La Presse lundi, le géant Boeing a annoncé des contrats de 420 millions pour l'industrie aéronautique québécoise, tandis que Lockheed Martin y allait d'une distribution de 240 millions.

«On avait hâte d'avoir des choses concrètes entre les mains; on les a. C'est une très bonne journée», a dit Jacques Saada, PDG de l'Association québécoise de l'aéronautique.

Ces contrats sont le renvoi d'ascenseur des contrats militaires octroyés par le gouvernement fédéral à ces deux sociétés.

L'entente était la suivante: le gouvernement achetait les avions de Boeing et Lockheed, mais ceux-ci devaient en retour réinvestir chaque dollar reçu dans l'économie canadienne - peu importe que ces investissements soient liés à la construction des avions militaires ou non.

C'est ainsi que les quatre C-17 achetés à Boeing et les 17 avions Hercules C-130J achetés à Lockheed Martin par le fédéral ont commencé à livrer leurs retombées.

La part du Québec

La grande question, lundi, était de savoir si le Québec y trouve son compte.

L'industrie québécoise avait dénoncé la décision du gouvernement fédéral de ne pas imposer de «quotas par province» pour les investissements.

On craignait que le Québec, qui compte pour plus de 50% de l'industrie aéronautique canadienne, récolte moins que son poids économique.

Le Québec se sauve finalement avec environ 58% de la cagnotte des contrats de Boeing. Le chiffre réjouit le ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand, joint lundi par La Presse Affaires en Allemagne où il participe à une mission économique.

«Ça reflète la force de notre industrie, a-t-il dit. On est même mieux comme ça que s'il y avait eu des quotas.»

La situation est différente pour les contrats de Lockheed Martin. L'entreprise a déjà signé pour 842 millions de contrats avec des fournisseurs canadiens, soit 60% de la somme qu'elle doit réinvestir au Canada pour l'achat des avions Hercules.

Le Québec ne récolte que 240 millions de cette première distribution, soit 28%.

«C'est sûr que c'est peu, et on souhaite vivement que nos entreprises bénéficient davantage des 40% restants. Mais je ne veux pas crier au loup. J'ai confiance en la compétence de nos entreprises et en leur capacité d'aller chercher une part plus importante des contrats de Lockheed», a dit Jacques Saada, de l'Association québécoise de l'aéronautique.

Même son de cloche du côté de Suzanne Benoît, directrice générale du regroupement Aéro Montréal, qui se dit confiante de voir l'«équilibre naturel» faire pencher la balance du côté du Québec.

M. Saada souligne en outre qu'il faut regarder non seulement la quantité des contrats accordés, mais aussi leur qualité. Il se montre rassuré à cet égard.

«Quand les retombées font en sorte que l'entreprise qui obtient le contrat pousse la recherche et le développement et se construit un tremplin qui lui permet d'aller chercher d'autres marchés ailleurs, c'est un avantage énorme.»

Le grand gagnant de la distribution d'hier demeure RTI Claro, une entreprise américaine qui possède une usine de pièces de titane à Laval et qui a récolté 350 millions de dollars en contrats.

L'annonce s'est faite lundi dans les nouveaux locaux de l'entreprise, en compagnie des ministres fédéraux Jim Prentice (Industrie) et Michael Fortier (Travaux publics).

«Sans le programme fédéral, ce contrat ne serait pas arrivé. Ou, en tout cas, les probabilités de l'obtenir auraient été significativement moindres», a dit lundi William Pallante, vice-président commercial de l'entreprise.

Les retombées annoncées lundi ne sont qu'une partie de toutes celles qui découleront des achats militaires du fédéral. Il y en a pour 17 milliards de dollars, dont les trois quarts iront à l'industrie de l'aéronautique.

Le Bloc québécois a dénoncé lundi les sommes accordées à l'industrie québécoise, les jugeant insuffisants compte tenu de la place qu'occupe le Québec dans le secteur de l'aéronautique canadien.