La guerre des prix fait déjà rage entre les épiciers Loblaws (T.L) et Metro (T.MRU.A), surtout en Ontario. Il faut s'attendre à ce qu'elle affecte Metro au moins lors des prochains mois.

La guerre des prix fait déjà rage entre les épiciers Loblaws [[|ticker sym='T.L'|]] et Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]], surtout en Ontario. Il faut s'attendre à ce qu'elle affecte Metro au moins lors des prochains mois.

C'est ce qui ressort de l'appel-conférence donné par l'entreprise montréalaise mercredi matin après le dévoilement des résultats du quatrième trimestre.

Affecté notamment par la baisse des ventes de tabac et par l'investissement pour intégrer ses acquisitions, l'épicier Metro déclare des profits en baisse de 27% au quatrième trimestre. La compagnie se contente donc d'un profit de 57,6 M$ ou 49 cents dilué par action pour la période de trois mois.

Son chiffre d'affaires a lui aussi baissé, soit de 9% à 2,43 G$. Les flux de trésorerie provenant de l'exploitation ont diminué de 38% à 44,8 M$.

L'action de Metro y réagissait avec pessimisme en Bourse mercredi avant-midi. Elle perdait 4,5% à 27,89 $ à la Bourse de Toronto.

Loblaw dérange

La compagnie sait fort bien que sa grande rivale Loblaw a déjà lancé des baisses de prix avec sa chaîne à rabais Maxi (Metro détient l'équivalente Super C) et qu'elle entend étendre le phénomène à ses bannières «conventionnelles» Loblaws et Provigo.

«Le marché en Ontario est agressif, il n'y a pas de question là-dessus, reconnaît Eric La Flèche, nouveau PDG de Metro. Nous sommes concurrentiels. Nous y avons investi. Du côté conventionnel, ce qui compte est davantage la qualité et le service que les prix. Mais ce n'est pas facile de générer de la croissance du côté des ventes, même avec nos investissements.»

«C'est difficile à prédire, lance Pierre H. Lessard, PDG sortant. Nous avons connu cela dans le passé au Québec. L'investissement dans les prix est bien, mais il faut obtenir des résultats. Il faudra réussir à augmenter nos profits mais nous ne contrôlons pas ce qui se produit sur le marché !»

C'est sans oublier le lancement des supercentres Wal-Mart, une aventure qui touche tous les acteurs dans l'industrie de l'alimentation.

«Nous avons vu un nouveau concurrent arriver et l'activité promotionnelle est agressive, ajoute M. La Flèche. De plus, il y a des défis reliés à la conversion des systèmes informatiques d'A&P, ce qui a un peu dérangé les activités. Les conditions dans les magasins n'étaient pas les meilleures cet été et nous avons perdu des ventes en raison de cela au quatrième trimestre.»

Les analystes voient aussi cette guerre de prix dans leur soupe.

«Étant donné que les ventes annuelles de Loblaw sont égales à celles de Sobeys, Metro et Safeway Canada ensemble, ses gestes concurrentiels ont un impact important et inévitable sur toutes ses concurrentes, avance pour sa part Keith Howlett, analyste du courtier Valeurs mobilières Desjardins. Dans le cas de Metro, cela se fera probablement ressentir dans des ventes et des marges stagnantes ou en baisse en Ontario.»

«Loblaw réduit les prix avec agressivité mais jusqu'au dernier trimestre seulement Sobeys recevait un choc, enchaîne Jim Durran, analyste Financière Banque Nationale. Metro a répondu avec agressivité pour maintenir le trafic, ce qui a fait descendre les marges de profit.»

Au Québec, la météo peut presque être qualifiée de «beau fixe». Le seul problème se trouverait avec la bannière Distagro, qui dessert les chaînes de restaurants et les dépanneurs des stations-services. La consolidation des centres de distribution en un seul à Boucherville est à blâmer.

«Nous avons connu des difficultés au départ et pour pouvoir servir nos clients de façon adéquate, il a fallu rouvrir un centre de distribution et nous l'exploiterons jusqu'au début de l'année prochaine, dit Eric La Flèche. Ça a eu un impact sur le quatrième trimestre et sur le premier de 2008, mais en février, ce problème sera derrière nous.»

Difficile quatrième trimestre

Sur une base ajustée, Metro déclare des profits de 57 cents par action, contre un consensus de 61 cents attendu par les analystes.

L'entreprise explique aussi que les ventes de produit du tabac ont diminué de 41 M$ lors du quatrième trimestre et que l'intégration de Loeb Canada à A&P Canada ont contribué à plomber ses résultats.

Par contre, les synergies dégagées avec A&P Canada ont atteint 90 M$ pendant l'exercice 2007, alors que Metro visait 60 M$.

Au 29 septembre, l'entreprise détenait une encaisse et des équivalents de 100,5 M$, en baisse de 39% depuis un an. La dette à long terme avait rétréci de 7% à 1 G$.

Pour l'ensemble de l'exercice, le géant alimentaire a récolté des profits en hausse de 9,3% à 276,6 M$ ou 2,37 $ dilué par action. Le chiffre d'affaires à toutefois reculé de 2,7% à 10,6 G$.

Un titre quand même prisé

Malgré un environnement d'affaires plus concurrentiel, Metro demeure un titre prisé.

«À titre de compagnie la mieux gérée du secteur avec le meilleur historique de succès, Metro est la seule action à considérer», affirme dit Keith Howlett, de Valeur mobilières Desjardins.

L'analyste prévoit des profits par action de 2,70 $ pour l'exercice 2008 mais il abaisse sa cible pour le cours du titre à 38 $ sur 12 mois. Il avait auparavant une cible de 41 $.

De son côté, Jim Durran, de la Financière Banque nationale, maintient sa recommandation «aussi bien que le marché» (sector perform) pour l'action. Son cours cible est fixé à 34 $ sur 12 mois et ses prévisions de profits sont de 2,63 $ par action pour l'exercice 2008.