Plus de quatre ans après la débâcle de Montréal Mode, et alors que le secteur du vêtement fait face à d'intenses perturbations, le gouvernement du Québec a dévoilé lundi «Pro Mode», sa nouvelle stratégie pour l'industrie.

Plus de quatre ans après la débâcle de Montréal Mode, et alors que le secteur du vêtement fait face à d'intenses perturbations, le gouvernement du Québec a dévoilé lundi «Pro Mode», sa nouvelle stratégie pour l'industrie.

D'ici 2010, Québec y injectera 29 M$ d'argent frais, pour une contribution totale de 82 M$. Le gouvernement aidera les entreprises du secteur à adapter leurs modèles d'affaires (15 M$), à commercialiser leurs produits (15 M$), à recourir au design et aux technologies avancées (40 M$), en plus de faire la promotion de Montréal comme ville de mode dans le monde (3 M$) et de favoriser le développement de la main-d'oeuvre (8,7 M$).

«On a beau être bons, il faut encore que les autres le sachent si vous voulez qu'ils achètent vos produits», a lancé le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, lors d'une conférence de presse tenue en marge de la Semaine de mode de Montréal.

«On va gagner sur les marchés étrangers dans toutes les industries si le rapport qualité-prix est égal ou meilleur que la concurrence», a-t-il rappelé.

Le ministre a souligné que le nouveau plan différait «fondamentalement» de Montréal Mode, qui était une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec. En 2003, la vérificatrice générale de l'époque, Doris Paradis, avait relevé de nombreuses irrégularités dans la gestion de Montréal Mode, qui n'existe plus.

Elliot Lifson, vice-président de l'entreprise montréalaise Peerless Clothing, le plus grand fabricant de vêtements pour hommes en Amérique du Nord, a bien accueilli l'annonce de lundi, qu'il a qualifiée d'«étape dans la bonne direction».

Le ministre Bachand a profité de l'occasion pour demander à Ottawa d'en faire plus pour soutenir l'industrie du vêtement, notamment au plan de la promotion. De plus, toujours insatisfait du programme d'aide aux travailleurs âgés annoncé par les conservateurs il y a un an, Québec continue de presser Ottawa de le bonifier.

La fin du déclin?

L'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce, en 2001, de même que l'élimination par Ottawa de tous les tarifs et des quotas à l'importation pour les pays pauvres, entre 2003 et 2005, ont porté un coup dur à l'industrie canadienne du vêtement et de la mode.

Depuis 2000, pas moins de 25 000 emplois ont été perdus dans le secteur au Québec. Les livraisons ont quant à elles chuté de 40 % pendant la période. Aujourd'hui, l'industrie emploie 28 000 personnes au Québec, dont 22 800 à Montréal.

«Nous croyons que nous avons perdu tous les emplois que nous avions à perdre», a avancé Raymond Bachand.

Le ministre n'a pas pu s'empêcher de relever que plusieurs pays industrialisés, dont les Etats-Unis, les membres de l'Union européenne et le Japon, avaient atténué les répercussions de la libéralisation mondiale par des mesures de soutien à leurs entreprises nationales. Au Canada, l'industrie s'est retrouvée «sans filet», a-t-il glissé.

«On ne peut pas récrire l'histoire, a néanmoins reconnu M. Bachand. (...) Je travaille à aider notre industrie à gagner sur les marchés avec les règles qui existent aujourd'hui.»

Peerless, qui fabrique des complets pour hommes pour les géants Calvin Klein et Ralph Lauren, entre autres, a modifié son modèle d'affaires pour faire face aux changements.

L'entreprise, qui compte quelque 2000 employés à Montréal, partage désormais sa production entre le Québec et des pays à faibles coûts.

Pour M. Lifson, il ne sert à rien de rêver à un retour hypothétique des barrières douanières. «Il faut s'adapter», a-t-il estimé.

L'industrie montréalaise de la mode et du vêtement est la troisième en Amérique du Nord, après Los Angeles et New York.