L'Oréal SA, le plus important fabricant mondial de cosmétiques, a perdu des investisseurs lorsqu'il a fait l'acquisition l'an dernier de Body Shop, une entreprise moins rentable.

L'Oréal SA, le plus important fabricant mondial de cosmétiques, a perdu des investisseurs lorsqu'il a fait l'acquisition l'an dernier de Body Shop, une entreprise moins rentable.

Mais aujourd'hui, tandis que se manifeste un appétit plus grand pour des cosmétiques «verts», cette acquisition fournit à L'Oréal un avantage susceptible de pousser à la hausse le prix de son action.

Les ventes de la division Body Shop présenteront une croissance trois fois plus importante que celle de L'Oréal d'ici 2010 au moment où les consommatrices recherchent des produits à base d'ingrédients naturels et conçus pour limiter leur impact environnemental, estime Oddo Securities.

«On assiste assurément à un mouvement vert», lance Tina Gill, une chercheuse de Organic Monitor, de Londres, qui compile des données pour divers clients, dont L'Oréal et Procter & Gamble.

«Les attentes des consommatrices sont devenues beaucoup plus grandes au cours des dernières années», ajoute-t-elle.

Body Shop, qui ne mène pas d'essais sur des animaux lors de la mise au point de ses produits et qui a promis d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2010, attire des consommatrices qui sont de plus en plus conscientes de l'impact environnemental des cosmétiques qu'elles achètent.

Pour sa part, Procter & Gamble, le fabricant du mascara Max Factor, n'a pas de grande gamme de produits sans danger pour l'environnement.

Les ventes de la marque Body Shop vont bondir de 24% au cours des trois prochaines années, estime la firme Oddo.

Par comparaison, la croissance des revenus de la division de produits de beauté de Procter & Gamble passera de 7,6% cette année à 4,5% d'ici la fin de la présente décennie, prédisent des analystes de Bank of America.

Body Shop, fondée en 1976 par Anita Roddick, a commencé avec un seul magasin à Brighton, en Angleterre, où l'on vendait des shampooings et des lotions pour la peau.

Mme Roddick, morte le mois dernier, a aussi fait la promotion du commerce équitable pour fournir un salaire décent aux travailleurs des pays en développement.

Elle achetait également des huiles, des essences et d'autres ingrédients d'origine végétale de diverses collectivités dans des pays en développement.

L'entreprise n'utilise pas de PVC (chlorure de polyvinyle) dans ses produits depuis 1993 et fait appel à du plastique recyclé pour ses bouteilles.

L'Oréal a acquis Body Shop au prix de 652 millions de livres (1,33 milliard$). Body Shop a réalisé des ventes annuelles de 419 millions de livres au cours de l'exercice terminé le 26 février 2005 comparativement aux ventes de 14,5 milliards d'euros de L'Oréal au cours de 2005.

Le titre de L'Oréal s'est déprécié de 7,2% au cours des trois mois qui ont suivi l'annonce de l'acquisition de Body Shop.

«De moyen terme à long terme, L'Oréal a vraiment mis la main sur un gagnant», avance Harold Thompson, un analyste de Deutsche Bank.

«Je crois qu'ils ont pris tous les concurrents au dépourvu», ajoute-t-il. L'action de L'Oréal grimpera de 11% à 104 euros d'ici juin 2008, prévoient des analystes de la Société Générale.

L'Oréal, une firme parisienne dont les marques vont des shampooings Garnier pour le marché de masse aux produits de maquillage de luxe Armani et aux parfums Lancôme, ajoute environ 110 nouveaux magasins Body Shop cette année et elle poursuivra ce rythme d'expansion l'an prochain.

«J'aime Body Shop parce que la société est opposée aux essais sur les animaux», explique Sophie Delannoy, une infirmière interrogée dans une boutique Body Shop au centre de Paris.

«L'entreprise pratique aussi le commerce équitable et c'est important à mes yeux», ajoute-t-elle.