Ceux qui jouent à la Bourse ne sont pas les seuls à se préoccuper du cours des métaux.

Ceux qui jouent à la Bourse ne sont pas les seuls à se préoccuper du cours des métaux.

La flambée du prix du cuivre depuis plus d'un an a des conséquences imprévues: les vols ont grimpé en flèche dans les entrepôts d'Hydro-Québec.

Pour l'année 2006, Hydro-Québec a constaté pour 3,9 M$ de vols d'équipement, d'outils ou de matériel informatique, selon un document obtenu par La Presse.

Le rapport, obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, révèle que, de cette somme, plus de la moitié - soit 2,4 millions - provient de la disparition de rouleaux de fil de cuivre, un métal dont le prix a grimpé de façon exponentielle au cours des derniers mois.

Pas moins de 363 vols de métal ont été signalés par les responsables d'Hydro-Québec l'an passé.

«C'est un phénomène nord-américain qui touche toutes les entreprises qui travaillent avec ce métal. On n'a pas trouvé de réseau, on en retrouve dans toutes les régions», a expliqué à La Presse Sylvain Théberge, porte-parole de la société d'État.

Ces larcins surviennent dans des postes - des entrepôts d'Hydro - le long des lignes de transport. Même des camions sont parfois dévalisés. «Depuis un certain temps, les policiers échangent des informations avec les entreprises qui éprouvent ce problème», assure-t-il.

Ces vols, qui paraissent de prime abord anodins, peuvent se transformer en cauchemar. Ainsi, un voleur s'est récemment électrocuté en tentant de voler du cuivre dans une entreprise de Montréal.

«Ce n'est pas dans une installation d'Hydro, mais dans ses déplacements que cet individu a accroché un fil et a reçu malheureusement une décharge», a expliqué M. Théberge.

Dans les postes d'Hydro en Abitibi ou au Saguenay, des gens se sont également aventurés sur des terrains clôturés, à proximité de fils à haute tension, avec les risques que cela comporte.

Rien de nouveau

Pour Charles Paradis, du syndicat qui représente les 6000 monteurs de ligne, ce problème n'est pas nouveau, et est davantage lié au prix obtenu pour le cuivre qu'à la sécurité du réseau.

«Le gardiennage a beaucoup augmenté depuis que des journalistes ont pénétré dans une centrale il y a deux ans. Ces vols surviennent souvent sur les lignes qu'on démonte, sur un réseau de milliers de kilomètres. Ce n'est pas réaliste de penser que tout peut être surveillé», dira M. Paradis.

Les larcins surviennent heureusement sur des lignes qui ne sont plus sous tension, observe-t-il. «Ce vol de cuivre a toujours existé, c'était déjà une réalité quand je suis entré à Hydro en 1976. Il augmente ou diminue selon la valeur du métal», observe le syndicaliste.

D'autres vols

Le rapport de la sécurité d'Hydro pour 2006 signale également des vols de matériel informatique - 127 infractions, pour un total de 233 000 $. Les voleurs mettent essentiellement la main sur des écrans plats ou des ordinateurs portables.

Selon M. Théberge, les risques de perte d'informations sensibles sont nuls, puisque la consigne pour ces portables est de stocker toutes les informations nominatives ou stratégiques sur des clés USB. La plupart des appareils volés servaient à faire des présentations PowerPoint à des employés ou des groupes particuliers.

Les 10 vols de véhicules du parc d'Hydro représentent quant à eux une perte de 360 000 $. Les vols d'outils ou d'équipement - 68 cas - atteignent 354 000 $.

Enfin, on a constaté 271 cas de méfait (vandalisme), pour une facture de 300 000 $ en 2006.

Après l'intrusion d'un journaliste de Radio-Canada dans les centrales de la Baie-James, Hydro a resserré ses contrôles partout. On trouve des systèmes d'alarme et des caméras de surveillance dans les centrales.

Dans les entrepôts, il y a «la plupart du temps du gardiennage ou de la patrouille régulière, mais on comprend que l'éloignement fait qu'il peut y avoir un délai entre le méfait et le moment où la police se rend sur les lieux», explique M. Théberge.