Mountain Equipment Cooperative, la plus grande coopérative de consommation au Canada, a mis le développement durable au coeur de son action, explique Marc Blais, directeur des communications françaises et du développement des affaires pour le Québec.

Mountain Equipment Cooperative, la plus grande coopérative de consommation au Canada, a mis le développement durable au coeur de son action, explique Marc Blais, directeur des communications françaises et du développement des affaires pour le Québec.

QComment la coopérative a-t-elle été fondée ?

Réponse: Mountain Equipment Coopérative (MEC) doit sa création à quatre jeunes passionnés d'alpinisme qui ne trouvaient pas leur matériel au Canada. Un jour, alors qu'ils étaient pris dans une tempête de neige en montagne, un des quatre a lancé l'idée de fonder une coopérative à Vancouver.

L'idée a plu à ses compagnons, parce qu'elle portait le sens de la cordée, de l'entraide.

Trente-cinq ans plus tard, MEC est devenue le plus grand détaillant canadien en vêtements et en matériel pour les activités de grande nature, avec 1100 employés, des ventes de 200 millions de dollars et, surtout, 2,3 millions de membres dans la coopérative qui viennent de 192 pays !

Question: Qu'est-ce qui vous plaît dans le modèle de MEC ?

Réponse: La forme d'organisation – une coopérative – évite bien des effets pervers de la mondialisation. Au lieu de concentrer toute la richesse dans quelques poches, on la répartit plus équitablement. Car les vrais bénéficiaires des ventes et des profits sont les 2,5 millions de membres, dont près de 300 000 au Québec – nous avons remis 2 millions en ristournes aux membres en 2005.

Dans une entreprise traditionnelle, le profit est l'ultime valeur. Pour nous, le degré d'adhésion des membres à notre programme social ou environnemental fait aussi partie des éléments de réussite. Ce n'est pas un hasard si nous avons investi 4 millions dans des projets écologiques en 2005. On s'est donné comme règle de verser 1 % de nos ventes dans des projets environnementaux en lien avec la protection des grands espaces et la conservation de la nature.

Question: Sur son site Internet, MEC fait un exercice de transparence hors du commun sur ses réalisations en lien avec le développement durable.

Réponse: Cette évaluation tient compte des exigences de la Global Reporting Initative des Nations unies. Cette analyse nous permet de nous doter d'indicateurs concrets pour mesurer notre engagement face à l'environnement, au respect des droits de la personne, à la société.

Question: Qu'est-ce qui a amené MEC à placer le développement durable au coeur de sa mission?

Réponse: Ce qui me frappe, c'est l'approche que nous avons choisie pour mener cette réflexion. Quand une entreprise s'interroge sur son rôle, elle parle habituellement de pénétration de marchés, de sa capacité à exploiter les ressources, etc.

Nous avons abordé la question autrement. «Quelle est notre vision de la planète ? Quelle est notre vision de la société ? Et quel est le rôle de notre coopérative pour y contribuer ? » Ce sont les questions que nous nous sommes posées.

L'organisation a ainsi mis de l'avant la conscience de ses membres de vivre sur une planète aux capacités de peuplement limitées, où la qualité de la biosphère est déterminante. MEC a aussi déterminé qu'elle veut contribuer à des sociétés accueillantes et respectueuses de ses citoyens, tant dans les pays où l'on produit le matériel que là où on les vend.

Question: Comment concrétisez-vous cette approche au sein même de la coopérative?

Réponse:Une fois par an, nous procédons à une « fouille écologique » de nos magasins. On étale littéralement par terre le contenu de nos poubelles pour voir tout ce qu'on aurait pu encore recycler. La méthode est raide mais efficace! C'est ainsi que nous avons constaté que nous recyclons 83 % de nos déchets – notre objectif est d'arriver à 90 %.

Question: MEC a fait du développement durable un impératif, tant sur le plan moral que commercial. Votre approche peut-elle inspirer des entreprises traditionnelles ?

Réponse: Certainement. Un exemple concret : notre magasin de Montréal, qui atteint plus de 65 % d'efficacité énergétique, figure parmi les 40 magasins les plus remarquables au monde selon la Retail Industries Leaders Association (RILA).

Or les membres de cette association sont les Wal-Mart de ce monde, qui ont voulu voir quelles sont les meilleures pratiques en matière de développement durable. Imaginez un instant l'impact que nous aurions si la plus grande chaîne de vente au détail décidait d'atteindre la même efficacité énergétique que notre magasin de Montréal !

Dans le domaine de la vente au détail, MEC n'est qu'une microentreprise mais nous pouvons influencer les pratiques d'autres organisations dans le développement durable si nous restons un chef de file en la matière.

D'après une entrevue radiophonique avec Thierry Pauchant, professeur titulaire, Chaire de management éthique, HEC Montréal. Chaque jeudi, 19h30, Radio Ville-Marie, 91,3 fm Montréal. Pour écouter l'intégral des entrevues: www.ethiquesautravail.com