Le changement climatique va se traduire par une augmentation de la mortalité et ce sont les pauvres qui seront les plus touchés, préviennent les experts mondiaux sur le climat, qui se réunissent cette semaine à Bruxelles dans le cadre du projet CANICULE, financé par l'Union européenne.

Le changement climatique va se traduire par une augmentation de la mortalité et ce sont les pauvres qui seront les plus touchés, préviennent les experts mondiaux sur le climat, qui se réunissent cette semaine à Bruxelles dans le cadre du projet CANICULE, financé par l'Union européenne.

Des maladies tropicales comme le paludisme ou la dengue vont se répandre, diarrhées, malnutrition, pollens à allergies, vagues de chaleur, tempêtes, sécheresses et inondations feront payer leur tribut à l'humanité.

Les fortes chaleurs de l'été 2003 en Europe ont par exemple entraîné 70 000 décès supplémentaires dans 16 pays européens.

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (GIEC), qui a estimé en février entre 1,8 et 4° la hausse moyenne prévisible de la température planétaire d'ici 2100, rendra vendredi à Bruxelles ses conclusions sur les impacts région par région du phénomène.

La dernière version du «résumé pour les décideurs», que l'AFP a obtenue, risque cependant d'être fortement amendée par les délégués des 190 États membres de l'ONU réunis à Bruxelles pour approuver ce chapitre.

Les conséquences du changement climatique sur la santé ne seront pas les mêmes pour tous, préviennent les climatologues.

Les régions les plus vulnérables sont l'Arctique car le réchauffement climatique y sera particulièrement marqué, l'Afrique, où se posent déjà des problèmes de santé, d'épidémies et de disponibilité d'eau, et les régions côtières, menacées par l'élévation du niveau des océans, résume Jean Jouzel, climatologue, membre du bureau du GIEC.

Dans les régions du sud, le réchauffement «va exacerber les problèmes posés par la disponibilité des ressources en eau», précise-t-il.

Les impacts sur la santé seront essentiellement négatifs, avec une difficulté accrue pour les pays les plus pauvres, qui ont moins de moyens pour s'adapter, souligne le rapport.

Il prévoit une augmentation de la mortalité liée à la chaleur, de la dengue, du choléra et des maladies liées aux tiques, une extension de la zone de paludisme et un allongement de la saison de propagation de cette maladie en Afrique.

D'ici 2020, les maladies diarrhéiques devraient augmenter de 2 à 5 % dans les régions à faibles revenus, selon le document. La propagation de certaines espèces de pollens allergiques devrait être favorisée par le réchauffement.

Les effets de cette évolution seront particulièrement ressentis en Afrique sub-saharienne et en Asie.

Dans les pays développés, ce sont les plus vulnérables qui seront frappés, surtout dans les villes qui amplifient les effets de la canicule.

D'autant que «le changement climatique, même modeste, peut se combiner à d'autres stress», souligne un participant aux travaux du GIEC.

Ainsi, une étude menée sur la Suisse a montré que 30 % des décès supplémentaires imputables à la canicule de 2003 (1023 décès supplémentaires au total) étaient dus à des maladies respiratoires, précise cet expert. «Non seulement il a fait chaud, mais la chaleur a favorisé la pollution à l'ozone et la rétention de particules dans l'air», précise-t-il.

Si les climatologues estiment que les impacts du changement climatique sur la santé seront avant tout négatifs, ils escomptent quelques effets bénéfiques dans certaines régions, notamment une diminution de la mortalité liée au froid et un recul de certains parasites au-delà d'un certain seuil de températures et de précipitations.