Un quartier historique. Des bons restaurants. Des musées. Des salles de spectacle. Un vieux marché. Tous les centres-villes se ressemblent un peu. Mais il y aura une nouveauté cette année dans les villes les plus branchées: des touristes et des citadins prenant du soleil dans un parc, leur ordinateur sur leurs genoux.

Un quartier historique. Des bons restaurants. Des musées. Des salles de spectacle. Un vieux marché. Tous les centres-villes se ressemblent un peu. Mais il y aura une nouveauté cette année dans les villes les plus branchées: des touristes et des citadins prenant du soleil dans un parc, leur ordinateur sur leurs genoux.

En 2007, plusieurs métropoles en Amérique du Nord se doteront d'un centre-ville Wi-Fi (wireless fidelity) accessible à tous les internautes. Dans l'industrie des télécommunications, le verdict est unanime: l'année 2007 sera celle du Wi-Fi.

«Les consommateurs verront enfin une différence cette année car une trentaine de grandes villes aux États-Unis inaugureront leur réseau Wi-Fi», dit Dianah Neff, associée chez Civitium, une firme new-yorkaise spécialisée dans le développement de réseaux Wi-Fi municipaux.

Et ce n'est que le début. «120 villes sont en train de se doter d'une zone Wi-Fi et 150 autres étudient la question, dit Mme Neff. Même la Nouvelle-Orléans, ravagé par l'ouragan Katrina, aura un centre-ville Wi-Fi.»

Le Canada n'a rien à envier à son voisin du sud. En 2006, Toronto a donné un lifting technologique à son centre-ville: la Ville reine s'est dotée d'un réseau Wi-Fi qui s'étend sur un rayon de 6 kilomètres carrés. Mais la palme du plus grand réseau du pays revient à Fredericton.

Depuis 2003, la capitale du Nouveau-Brunswick possède un réseau de 8,3 kilomètres carrés, soit la moitié de sa superficie. Coût de l'opération: 500 000 $.

«Le Canada n'est pas à la traîne, dit Sharyn Gravelle, vice-présidente du réseau sans fil de Toronto Hydro Telecom, qui exploite le réseau Wi-Fi à Toronto. Bien sûr, nous verrons beaucoup de projets apparaître aux États-Unis en 2007. Les Américains s'intéressent au Wi-Fi depuis plus longtemps que nous. Mais nous avons développé nos projets plus rapidement.»

Selon la firme Novarum, Toronto possède le meilleur réseau Wi-Fi en termes de qualité en Amérique du Nord. Pour en arriver à cette conclusion, Novarum a testé 41 réseaux au Canada et aux États-Unis durant la deuxième moitié de l'année 2006.

«Et nous n'étions qu'en période de rodage!», dit Sharyn Gravelle, de Toronto Hydro Telecom, une société détenue indirectement par la Ville de Toronto.

Pas de projet en vue à Montréal

Si Toronto n'a mis qu'un an à déployer son réseau Wi-Fi, Montréal ne semble pas pressé de suivre la mode.

«Nous voulons plutôt établir un réseau sans fil à très haut débit à Montréal pour nos propres besoins, dit Mario Lefebvre, directeur du projet eCité à la Ville de Montréal. Tapisser le centre-ville d'ondes Wi-Fi ne répond pas à nos besoins pour le moment. Ce serait une initiative plus touristique et événementielle.»

Les milieux d'affaires montréalais aimeraient bien compter sur un centre-ville Wi-Fi. Mais pas à n'importe quel prix.

«Le Wi-Fi est une idée très intéressante pour le branding de Montréal, dit Isabelle Hudon, présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Ce serait un élément de vente intéressant pour l'industrie touristique. Mais l'arrivée du Wi-Fi doit se faire dans le respect de l'entreprise privée. Les télécoms ne doivent pas être pénalisées par la gratuité. Si l'internet devient gratuit, notre économie va en souffrir. Il faut trouver un juste milieu.»

La Chambre de commerce suggère de tapisser les parcs et le réseau de transport en commun d'ondes Wi-Fi.

«Ce sont des endroits où l'entreprise privée n'a pas accès de toute façon, explique-t-elle. Le Wi-Fi pourrait même hausser la fréquentation des transports en commun et la productivité des employés qui prennent le métro.»

Service public ou investissement?

La présidente de la Chambre de commerce aimerait bien compter sur un centre-ville Wi-Fi dans cinq ans. Mais elle ne se fait pas d'illusions sur les retombées économiques de cette technologie.

«Seul, le Wi-Fi ne permet pas d'attirer des investisseurs, dit Mme Hudon. Mais combiné à d'autres facteurs – une culture intéressante, des bons restaurants, des gens sympathiques – le Wi-Fi pourrait plaire à des entreprises susceptibles d'investir au Québec.»

Dianah Neff, dont la firme Civitium gère l'implantation de réseaux Wi-Fi aux États-Unis, se montre plus optimiste. «Les gens bougent tellement vite aujourd'hui et ils s'attendent à pouvoir se connecter partout sur l'internet, dit-elle. Ce n'est plus un avantage d'avoir un centre-ville Wi-Fi. C'est plutôt un handicap pour les villes qui n'en ont pas.»

«Le Wi-Fi permet à Toronto de montrer son leadership en matière de développement économique», dit Sharyn Gravelle, vice-président des services sans fil de Toronto Hydro Telecom.

Les retombées économiques du Wi-Fi ne sont pas réservées qu'aux grandes métropoles.

«Je me rappellerai toujours l'exemple d'une petite ville de Floride, dit Mme Neff. Le secteur privé ne voulait pas développer de réseau Wi-Fi et deux manufacturiers songeaient à déménager à cause du réseau de télécommunications déficient. La Ville a décidé de construire elle-même le réseau Wi-Fi. Avec le recul, ce fut une excellente décision d'affaires.»

Pour l'heure, la plupart des villes considèrent le Wi-Fi comme un service public plutôt qu'un investissement. «C'est pratique pour envoyer des courriels à sa famille, mais il faut un réseau plus sécuritaire pour les transactions bancaires et les transactions d'affaires», dit Philippe Giffard, vice-président de Bell Mobilité.

Le Wi-Fi prend de l'importance à Montréal, même si son réseau ne peut se comparer à celui des grandes villes en Amérique du Nord. L'organisme Île Sans Fil compte 35 000 usagers, qui ont accès gratuitement aux 135 points de connexion de son réseau Wi-Fi.

«Ce sont des cafés, des bars, des centres communautaires, des gens altruistes qui veulent partager leur connexion internet», dit Richard Lussier, membre du conseil d'administration de Île Sans Fil.

En juillet dernier, Île Sans Fil a inauguré une zone Wi-Fi gratuite de 1,6 kilomètre dans le quartier gai, sur la rue Sainte-Catherine. Mais l'organisme à but non lucratif n'a pas le monopole du réseau Wi-Fi à Montréal.

Vidéotron exploite aussi une quarantaine de points d'accès privés pour ses clients. Les autres télécoms en exploitent 450, soit presque la moitié de leurs 1100 points d'accès privés au Canada.

«Il y a plus de points d'accès privés à Montréal qu'à Toronto, dit Philippe Giffard, de Bell Mobilité. Les entreprises torontoises ne voulaient payer pour une connexion Wi-Fi.»