La SAQ songe à mettre en vente sur son site Internet au moins une partie des quelque 2400 vins et spiritueux vendus en ce moment comme importations privées par des agences indépendantes.

La SAQ songe à mettre en vente sur son site Internet au moins une partie des quelque 2400 vins et spiritueux vendus en ce moment comme importations privées par des agences indépendantes.

" Ça deviendrait un nouveau répertoire ", explique un cadre supérieur d'une de ces agences, lequel a requis l'anonymat.

Les ventes de ces produits, surtout des vins, ne cessent de progresser. Elles devraient ainsi dépasser les 50 millions de dollars au cours de l'exercice 2006-2007, soit le triple de ce qu'elles furent (16 millions) il y a trois ans.

Très friands de nouveautés et d'exclusivités, les restaurateurs sont les principaux acheteurs, et de très loin, de ces vins et spiritueux commercialisés par ce moyen. On estime en effet que leurs achats comptent pour au moins 85 % des ventes totales de ces produits.

Bref, la société d'État se trouverait à élargir son offre. Celle-ci consiste à l'heure actuelle en 1200 produits courants (vendus dans de multiples succursales), auxquels s'ajoutent quelque 5000 produits de spécialité commercialisés dans un nombre restreint de points de vente.

C'est dans le cadre de la révision de sa politique en matière d'importations privées, remontant à 1998, que la SAQ envisage de procéder.

Sans être aussi explicite, l'actuel vice-président à la commercialisation de la SAQ, Alain Brunet, a fait savoir que la nouvelle politique, qui doit être définie le printemps prochain, a été discutée au cours d'une rencontre avec les agences plus tôt ce mois-ci.

" Ils nous ont dit que c'était une priorité, mais ils ne nous ont donné aucun détail ", souligne à ce sujet le président d'une autre agence.

L'ajout de ce nouveau répertoire, via le site SAQ.com, entraînerait vraisemblablement une hausse des ventes globales, estime-t-on dans le milieu.

Car même si la SAQ s'est remise à acheter des nouveautés (elle avait cessé de le faire pendant quelques années), les importations privées continuent à susciter malgré tout un intérêt croissant.

Chose peu connue, certaines agences, telle les Importations Syl-Vins constituée récemment, ou encore Le Maître de chai et la Société Roucet, n'offrent que des produits en importation privée.

Roucet dispose ainsi d'un portefeuille de près de 200 produits, et n'a tout au plus qu'une dizaine de vins vendus dans le réseau de la SAQ, signale son président David Doucet.

" La SAQ ne nous a pas consulté, souligne toutefois celui-ci, qui est également l'unique actionnaire de Roucet. Ils ont fait une réunion il y a six mois où on a regardé toutes les choses à améliorer, et il n'y a pas eu de suivi, malheureusement. "

Syl-Vins offre plus de 200 produits, et, du moins pour l'instant, n'a pas été consultée non plus, a fait savoir son président Sylvain Denis.

La politique actuelle

Selon la politique actuellement en vigueur, même les particuliers peuvent passer des commandes partout dans le monde.

Pour sa part, la SAQ se charge de prendre livraison des produits, à la condition que la commande atteigne la valeur d'au moins 150 dollars, au prix de gros.

Elle demande pour cela des frais fixes, variables selon le pays fournisseur, soit par exemple environ 3,50 $ la caisse pour les vins du Bordelais.

Grâce à la nouvelle politique, ces frais pourraient être variables selon le nombre de caisses commandées.

Même chose pour les frais d'entreposage que facture en ce moment la SAQ aux agences pour leurs importations privées. Établis à l'heure actuelle pour une période de cinq mois, ils pourraient eux aussi devenir variables.

Rien de tout cela n'est encore décidé, il faut le rappeler. " C'est quelque chose qu'ils mettent sur la table ", note le cadre supérieur cité plus haut.

Et la SAQ déciderait-elle d'aller de l'avant, il lui faudrait ensuite obtenir le feu vert de son conseil d'administration, et après quoi rendre opérationnelle sa nouvelle politique, via son site.

Résultat, ce n'est pas avant l'été ou l'automne 2007 que les consommateurs pourraient faire provision de produits d'importations privées par le truchement du site www.SAQ.com.

" Ça serait un plus ", note à propos de ce projet le président d'une autre agence.

Enfin, rappelons que la SAQ applique sur les importations privées, comme sur tous les autres produits, les frais de transports habituels, les taxes, la marge bénéficiaire, etc., et que les ventes de ces vins et spiritueux sont elles aussi comptabilisées dans son chiffre d'affaires.

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