Les innovateurs et autres patenteux du Québec ont raflé davantage de dollars l'an dernier qu'en 2006 pour faire progresser leurs inventions. Le hic: cette hausse du capital-risque, la troisième en trois ans, cache le pire bilan pour les entreprises en démarrage depuis le milieu des années 90.

Les innovateurs et autres patenteux du Québec ont raflé davantage de dollars l'an dernier qu'en 2006 pour faire progresser leurs inventions. Le hic: cette hausse du capital-risque, la troisième en trois ans, cache le pire bilan pour les entreprises en démarrage depuis le milieu des années 90.

Les chiffres de Thomson Financial montrent que le Québec a mis le grappin sur 648 millions de dollars en capital-risque l'an dernier, la meilleure collecte depuis 2002.

Plus d'investissements américains, plus d'implication du secteur privé, plus d'argent au total: les années de vaches maigres qui ont suivi l'éclatement de la bulle techno semblent bel et bien derrière nous quand il s'agit de dénicher un investisseur capable de composer avec un peu d'adrénaline.

«Le Québec tire bien son épingle du jeu», constate Charles Cazabon, président de l'organisme Réseau Capital, l'association du capital-risque québécois.

Ce tableau cache toutefois des ombres importantes. Si les fonds destinés à faire progresser les entreprises sont là, ceux qui servent à les mettre sur pied font cruellement défaut.

La proportion d'argent destiné aux entreprises en démarrage a chuté de 22% à 11% entre 2006 et 2007, et atteint maintenant des niveaux qu'on n'avait pas vus depuis le milieu des années 90.

Inquiétant, dit M. Cazabon, puisqu'il «faut bien créer des entreprises aujourd'hui si on veut les développer demain».

Autre inquiétude: les fonds de capital-risque canadiens et québécois ne se renflouent pas. Les levées de fonds en 2007 ont été parmi les plus maigres jamais enregistrées, chutant de 27% par rapport à 2006. «Une bonne débarque», dit M. Cazabon

Le Québec fait ici «moins pire» que le reste du Canada, la province raflant 69% des nouveaux engagements. Mais c'est beaucoup plus parce que l'Ontario va très mal que parce que les choses vont bien ici.

Encore une fois, ces statistiques viennent assombrir l'avenir. Des fonds canadiens peu garnis aujourd'hui signifient qu'il sera impossible d'investir massivement demain.

Et les fonds américains, s'ils sont de plus en plus présents, s'intéressent davantage aux entreprises qui ont déjà une certaine feuille de route. Mauvaises nouvelles, encore une fois, pour l'entrepreneur qui souhaite lancer sa compagnie.

À l'instar d'un rapport publié récemment par la firme Secor, M. Cazabon milite pour une intervention publique pour corriger le tir.

Cette année encore, le secteur des sciences de la vie a été le préféré des investisseurs, les biotechs raflant 40% des investissements.

Fait à noter: le secteur de l'énergie et des technologies vertes a connu une «flambée», récoltant trois fois plus d'argent qu'en 2006.

CAPITAL-RISQUE AU QUÉBEC

Les grands gagnants 2007 sont 3 biotechs montréalaises

Targanta Therapeutics : 82,2 millions

Enobia Pharma : 40,1 millions

Topigen Pharmaceuticals : 26 millions