En plus de Placide Poulin (voir texte en une), l'homme d'affaires Hermann Cloutier est un autre Beauceron qui a perdu une fortune en investissant dans les paradis fiscaux. Il poursuit le courtier Stéphane Rail, qui lui avait conseillé d'investir dans les projets de Luc Verville.

En plus de Placide Poulin (voir texte en une), l'homme d'affaires Hermann Cloutier est un autre Beauceron qui a perdu une fortune en investissant dans les paradis fiscaux. Il poursuit le courtier Stéphane Rail, qui lui avait conseillé d'investir dans les projets de Luc Verville.

Dans sa poursuite, intentée en février 2002, Hermann Cloutier affirme que Stéphane Rail a abusé de sa confiance, n'a pas respecté ses objectifs de placement et s'est placé en conflit d'intérêts en favorisant son autre client, Luc Verville.

Il soutient que le courtier lui avait dépeint Luc Verville comme un homme d'affaires de grande envergure, à la tête de plusieurs entreprises et «qu'il valait plusieurs dizaines de millions de dollars et peut-être même jusqu'à 150 millions», est-il écrit dans sa poursuite (note 2, voir tableau).

Au départ, en avril 2000, il s'agissait de prêter 3 millions de dollars pour deux mois en faveur des compagnies de Luc Verville, dans les Antilles, indique la poursuite.

Parmi ces firmes, on retrouve Crystal Ontrack, Adelite Communication et Chatham Trading. Le prêt était notamment garanti par des titres boursiers technos, au sommet de la bulle boursière.

Deux mois plus tard, le capital n'a pas été remboursé. À force de pression, une petite partie de l'argent est revenue, à l'automne 2000. Mais devant l'incapacité de ravoir l'essentiel, Hermann Cloutier a entrepris des démarches juridiques, en mai 2001.

À ce jour, l'essentiel du prêt de 3 millions n'a pas été remboursé, pas plus qu'un autre investissement de 740 000$, effectué à l'été 2000. Globalement, Hermann Cloutier réclame 3,3 millions à Stéphane Rail et à TD Evergreen.

Dans sa défense, Stéphane Rail soutient que Hermann Cloutier connaît bien les investissements risqués et les paradis fiscaux.

«L'ouverture de son compte «Beach Side» (était) destiné à mettre à l'abri du fisc canadien des actifs et des revenus», soutient-il dans sa défense déposée en mai 2006.

«À plusieurs reprises, Hermann Cloutier a vendu, à perte, des actions au Canada afin de bénéficier de la perte fiscale et a racheté ces actions le même jour par l'entremise de son compte «Beach Side», détenu à Nassau», ajoute M. Rail.

Hermann Cloutier a bien tenté de s'entendre directement avec Luc Verville. En mars 2001, une rencontre a lieu en Floride avec Luc Verville et son avocat fiscaliste Serge Racine, selon la défense de Stéphane Rail.

Mais l'impasse persistant, Hermann Cloutier a poursuivi le financier Luc Verville et ses entreprises, en octobre 2001. Cette poursuite est toutefois devenue inactive lorsque Luc Verville a déclaré faillite, en octobre 2003.

L'avocat de Hermann Cloutier, Serge Létourneau, défend son client d'avoir fait de l'évasion fiscale. Il soutient que Stéphane Rail fait mention de l'utilisation de paradis fiscaux pour colorer le dossier.

«Il y a une différence entre planification fiscale et évasion fiscale () Même si vous prenez les allégations de Stéphane Rail comme de l'évasion fiscale, ce que je ne crois pas que ce soit, ces allégations ne sont pas prouvées et surtout, elles sont très périphériques par rapport au débat soulevé par ce recours judiciaire», a-t-il dit.