L'usine Shermag de Granby poursuivra ses activités tant et aussi longtemps qu'elle sera rentable, affirme le président du conseil d'administration de Shermag, Claude Pichette.

L'usine Shermag de Granby poursuivra ses activités tant et aussi longtemps qu'elle sera rentable, affirme le président du conseil d'administration de Shermag, Claude Pichette.

"Ils sont rentables présentement", a souligné hier M. Pichette en entrevue à La Voix de l'Est.

Reste qu'avec l'annonce de la fermeture de quatre usines, l'inquiétude était palpable, hier, chez les employés de l'usine Shermag de Granby. La majorité d'entre eux avaient la mine basse au terme de leur quart de travail, en après-midi.

Seulement quatre d'entre eux ont accepté de parler à La Voix de l'Est, mais ils ont tenu à conserver l'anonymat. "Il y a beaucoup d'insécurité à l'intérieur, ça c'est sûr. On n'est pas positifs du tout quand on regarde ce qui se passe actuellement. On n'est pas des caves, on est tous capables de lire entre les lignes", laisse tomber une employée.

"Regarde, il y avait 15 usines Shermag et il n'en reste que quatre. On n'a qu'à faire 1+1=2, c'est pas compliqué. Au moins, on va pouvoir passer Noël", ajoute-t-elle calmement.

Pendant que certains croient qu'une fermeture est imminente, d'autres préfèrent laisser le temps faire son oeuvre. "Il arrivera ce qui arrivera. De toute façon, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?", demande un employé, quelques instants avant d'embarquer dans sa voiture et de quitter rapidement le stationnement.

Finalement, un travailleur qui venait de se refuser à tout commentaire change d'avis. "Si le gouvernement pouvait taxer les importations, ça leur ferait plus d'argent dans les poches et nous, ça nous permettrait peut-être de garder nos emplois", crie l'employé à partir du fond du stationnement.

"On a peut-être été un peu chanceux de ne pas être touchés par cette vague de fermetures. Mais en même temps, on a créé notre propre chance: on a récemment signé une nouvelle convention collective qui est loin d'être la meilleure qui soit. Sauf qu'on a encore nos emplois au moment où on se parle...", indique-t-il.

Avenir incertain

Bien qu'elle soit rentable actuellement, l'usine de Granby, où l'on fabrique des mobiliers de cuisine, est encore bien loin d'avoir le vent dans les voiles. "Il y a entre 45 et 50% de notre production qui se fait en Chine en ce moment. Pour nous, les produits qu'on fait faire en Chine nous reviennent vraiment meilleur marché, même lorsqu'on ajoute les coûts de transport", explique Claude Pichette.

À moyen ou à long terme, quel est le sort réservé à l'usine Shermag de Granby?

"Ce n'est pas que je veux pas répondre à la question, c'est que je ne peux pas le faire. On ne sait jamais ce qui va se passer. On n'a qu'à prendre l'exemple de la valeur du dollar canadien qui a augmenté très rapidement au cours des dernières années..."

Si vous aviez un message pour les employés de cette usine, quel serait-il?

"Il faut espérer que le dollar ne monte pas encore et que les Chinois n'arrivent pas ici avec des produits semblables à un meilleur prix. On compte sur eux pour qu'ils continuent leur bon travail", affirme-t-il.