Contrairement à ce que les manchettes peuvent laisser croire, l'industrie canadienne de l'automobile se porte bien, merci.

Contrairement à ce que les manchettes peuvent laisser croire, l'industrie canadienne de l'automobile se porte bien, merci.

Et ce, grâce aux constructeurs japonais, qui ont pris la relève des trois grands manufacturiers nord-américains.

«Oui, le trio traditionnel a perdu des plumes, mais les constructeurs japonais sont venus occuper cet espace et les perspectives continuent d'être très favorables», affirme une analyste de Statistique Canada, Francine Roy, qui vient de réaliser une étude sur l'industrie canadienne de l'automobile avec sa collègue Clérance Kimanyi.

Entre 1999 et 2006, la production de ceux qu'on appelait les trois grands de l'automobile, General Motors, Ford et Chrysler, a chuté du tiers au Canada, passant de 2,4 millions de véhicules à 1,6 million de véhicules.

Parallèlement, la production des constructeurs japonais au Canada a augmenté du tiers, passant de 600 000 à 900 000 véhicules.

Les automobiles d'abord

Les Japonais se sont concentré dans le segment des automobiles: ainsi, sur les 900 000 véhicules produits en 2006, 844 000 sont des automobiles.

«La hausse a été si forte qu'il s'est construit au Canada en 2006 presque autant de voitures dans les établissements à propriété japonaise que dans les établissements des traditionnels trois grands, écrivent Mmes Roy et Kimanyi. L'entrée en exploitation de la nouvelle usine de Toyota à Woodstock en 2008 devrait même faire se croiser ces tendances pour la première fois.»

Les analystes estiment que l'implantation des usines japonaises a renforcé le leadership de l'Ontario dans l'industrie nord-américaine de l'automobile. L'Ontario produit maintenant plus d'automobiles que n'importe quelle autre région de l'Amérique du Nord, y compris le Michigan.

Mme Roy rappelle que le Michigan s'est montré réfractaire à l'implantation d'usines de manufacturiers japonais. Il y a eu notamment beaucoup de contestation. Résultat, les Japonais ne se sont pas implantés.

Au contraire, l'Ontario s'est montrée accueillante, une attitude qui s'est révélée payante. Non seulement Toyota construit-elle une nouvelle usine à Woodstock, mais Honda a annoncé une augmentation de cadence de production.

Les exportations explosent

Alors que les exportations nettes des constructeurs nord-américains installés au Canada n'ont cessé de diminuer entre 1997 et 2006, passant de 24 milliards à 16 milliards de dollars, elles ont décuplé pour les constructeurs japonais, passant de 1,3 milliard à 11 milliards de dollars.

Les analystes déboulonnent également le mythe voulant que les constructeurs japonais importent la plupart de leurs pièces à haute valeur.

«Les nouveaux constructeurs japonais ont développé la capacité de fabriquer eux-mêmes au Canada une grande partie de leurs pièces et ils s'approvisionnent auprès de sociétés établies au Canada.»

Les données de Statistique Canada montrent même que les constructeurs japonais utilisent moins de pièces importées que les trois grands constructeurs nord-américains.

C'est une bonne nouvelle pour l'industrie ontarienne, mais aussi pour l'industrie québécoise, qui compte un grand nombre de fournisseurs de l'industrie automobile.

Sur les 319 millions d'heures travaillées dans l'industrie automobile au Canada en 2005, 275 millions d'heures l'ont été en Ontario, 18 millions au Québec et 9 millions au Manitoba.