Votre retraite est sur les rails, vous dites-vous, car vous contribuez avec votre employeur à un régime à cotisations déterminées. Fort bien, mais ces rails vous mèneront-ils à destination ? Le train prendra-il du retard ?

Votre retraite est sur les rails, vous dites-vous, car vous contribuez avec votre employeur à un régime à cotisations déterminées. Fort bien, mais ces rails vous mèneront-ils à destination ? Le train prendra-il du retard ?

Vous avez votre mot à dire sur le contrôle des aiguillages et le dosage de la vitesse.

Un régime complémentaire à cotisations déterminées fixe les contributions que vous et votre employeur faites au régime, mais ne garantit en rien l'ampleur des prestations qui vous seront versées. Celles-ci ne dépendront que du solde du compte au moment de la retraite.

Les relevés de votre régime s'expriment donc en termes d'actifs accumulés, ce qui pour certains peut dresser un écran de fumée. On peut ressentir un faux sentiment de richesse quand on s'aperçoit qu'à 55 ans, on a accumulé un quart de million, prévient Martin Dupras, conseiller principal au Groupe-conseil Aon.

En chiffres absolus, c'est une belle somme, en effet. Mais quels revenus de retraite procurera-t-elle ? « Il faut évaluer les revenus que je pourrai tirer de ce régime de façon raisonnable, soutient-il. Et ça demande forcément un travail de la part du participant. »

Le risque du laisser-faire

Les régimes à cotisations déterminées présentent le risque du laisser-faire. La plupart ont une option par défaut, un investissement neutre vers lequel les cotisations du participant sont dirigées s'il n'exerce aucun choix spécifique. Certains de ces investissements à risques minimaux ne procureront que des rendements médiocres.

« Il faut s'en préoccuper, indique Martin Dupras. Je rencontre des gens qui n'ont rien fait après dix ans de participation. »

Les régimes à cotisations déterminées proposent généralement deux voies.

S'il recherche la simplicité, le participant pourra souvent choisir entre trois ou quatre fonds équilibrés, caractérisés par un joli qualificatif traduisant leur orientation : conservateur, modéré, dynamique, etc. « Ces produits demandent moins de surveillance car par définition, ils se rééquilibrent d'eux-mêmes », observe M. Dupras.

Le participant peut également réunir quelques fonds ou véhicules plus ou moins variés, afin de se composer un portefeuille davantage taillé sur mesure.

« Un tel portefeuille requerra forcément plus de travail et de suivi, avise-t-il. Il est facile de se dire qu'on va faire ce suivi, mais encore plus facile de ne pas y donner suite. »

Dans tous les cas, les fonds choisis doivent correspondent à notre profil d'investisseur et à notre tolérance au risque. Il est essentiel de faire dresser ce portrait pour choisir la voie et les produits les plus appropriés. Il faudra refaire l'exercice à quelques reprises, car notre tolérance au risque évolue en effet avec les années.

S'informer

Les produits qui composent notre régime de retraite nécessitent la même attention que tout autre investissement. Une politique de placement est nécessaire, insiste Hélène Bronsard, vice-présidente chez Raymond Chabot Gestion Privée.

« L'investisseur et futur rentier doit se poser les bonnes questions, résume-t-elle. Comprend-il bien le produit ? Est-ce qu'il s'insère dans sa stratégie de portefeuille ? Quelle proportion en occupe-t-il ? Est-ce une stratégie à long terme ? »

Pour jauger la performance de ces fonds, elle suggère une petite visite sur le site www.globefund.com. À l'aide de son outil de recherche, on peut repérer un fonds et comparer son rendement et ses caractéristiques avec ses compétiteurs.

De leur côté, les employeurs proposent aux participants divers documents et séances d'information. Profitez de chaque occasion d'en apprendre davantage.

Il pourra être utile de demander conseil à un consultant externe. Certains proposent leurs services à honoraires. « Mais on a souvent des placements, ou même une hypothèque, dans une institution où on pourra avoir accès à un conseiller financier », fait valoir Martin Dupras.

Cotiser davantage

Les régimes complémentaires à cotisation déterminées présentent le grand avantage d'imposer des frais de gestion inférieurs aux fonds individuels, justement parce qu'ils sont collectifs. Pour la même raison, souligne Martin Dupras, ils peuvent donner accès à des fonds spéciaux ou à accès restreint, qui nous seraient autrement inaccessibles.

« Avec ces régimes, on investit avec la technique du coût moyen, souligne pour sa part Hélène Bronsard. À chaque paie, un montant est investi. Si le marché monte, on en profite, si le marché baisse, on ne paie pas trop cher. »

Pour toutes ces raisons, il peut être avantageux de faire des contributions facultatives. La cotisation normale du participant peut par exemple être fixée à 4 % du salaire, et celle de l'employeur à 2 %. Nous sommes encore loin des 18 % de contribution maximale au REER autorisée par le fisc. À l'approche de février, Mme Bronsard recommande donc de vérifier s'il y a lieu de verser une cotisation supplémentaire.

Si c'est le cas, dès mars, on pourra demander que le prélèvement d'un montant équivalent soit réparti sur les paies de l'année. « Avec les déductions systématiques, ça ne coûte pas cher, explique-t-elle. Pour une cotisation de 200 $, avec un taux marginal d'imposition de 40 %, il n'y a que 120 $ qui sont prélevés de la paie. C'est un remboursement d'impôt immédiat et automatique. »

Pour maintenir le bon régime...

À faire :

-Estimer son profil d'investisseur et sa tolérance au risque.

-Réviser périodiquement, surtout à l'approche de la retraite, si notre tolérance au risque est toujours la même, et si le portefeuille y correspond.

-Considérer son régime de retraite comme un portefeuille de placements, et le suivre en conséquence.

-Consulter un planificateur ou un conseiller afin de dresser un portrait complet de la retraite

-Avant la fin février, vérifier si on peut ajouter des cotisations facultatives.

À éviter :

-Se désintéresser de son portefeuille, laisser le système décider pour vous.

-Penser que le régime suffira nécessairement à assurer des revenus de retraite appropriés. Il faut en faire le calcul.