Tenté par une campagne électorale hâtive, le gouvernement Charest proposera au début de l'an prochain une mesure populaire : la plus importante hausse du salaire minimum au cours des 10 dernières années.

Tenté par une campagne électorale hâtive, le gouvernement Charest proposera au début de l'an prochain une mesure populaire : la plus importante hausse du salaire minimum au cours des 10 dernières années.

Selon les informations obtenues, le gouvernement libéral s'apprête à annoncer que le taux général du salaire minimum passera de 7,75 $ à 8,00 $ à compter du 1er mai 2007. Le moment de la prépublication à la Gazette officielle, passage obligé, n'est pas encore arrêté ; on parle de la fin décembre ou de janvier prochain.

Avec cette augmentation, les salariés québécois au bas de l'échelle seront sur le même pied que ceux de l'Ontario, du Manitoba et de la Colombie-Britannique.

Selon l'argumentaire ministériel obtenu par La Presse, le taux du salaire minimum versé aux employés à pourboire passera lui de 7,00 $ à 7,25 $.

La décision de hausser ou non le salaire minimum reste un geste politique, mais depuis 2002, l'ampleur de l'augmentation doit elle être dictée par une formule où entrent 11 variables, allant de l'inflation à l'augmentation du salaire industriel moyen.

La majoration de 25 cents est très importante. Elle est la plus forte augmentation en fait depuis 1996. Historiquement, le bond le plus spectaculaire du salaire minimum s'est produit sous Jacques Parizeau – on avait majoré de 45 cents (à 6,45 $) le salaire plancher moins d'un mois avant le dernier référendum.

Relancé hier, le ministre du Travail, Laurent Lessard, a refusé de préciser les taux, mais il a reconnu que l'augmentation du taux horaire, qui touche directement 130000 salariés au Québec, était actuellement en réévaluation. L'impact d'une augmentation du salaire minimum est encore plus grand si on considère que des milliers de salariés sont payés quelques cents au-dessus du niveau plancher.

Il y a six ans, alors qu'il était dans l'opposition, le chef libéral Jean Charest s'était dit opposé à une augmentation de 10 cents du salaire minimum québécois, précisément parce qu'elle faisait disparaître la parité avec l'Ontario.

L'augmentation du taux devait être discutée d'ailleurs hier à la dernière réunion du Conseil des ministres de l'année, pour une publication à la Gazette officielle dès le début de 2007, indiquent d'autres sources.

Pas moins de 4% des salariés touchent le salaire minimum. Deux fois sur trois, il s'agit de femmes travaillant surtout dans le secteur des services, de la restauration, etc. De plus, 62% des salariés ont moins de 24 ans.

Dans son plan, le gouvernement Charest ne prévoyait pas de hausse parallèle pour les salariées du vêtement, pas plus que pour les cueilleurs de légumes destinés à la transformation.

Pour les salariés du vêtement, la «concurrence internationale féroce» incite le gouvernement à ne pas forcer tout de suite une hausse du taux minimum. Des études plus précises sont en cours sur cette industrie, indique-t-on.

La même logique commande d'attendre avant de majorer le salaire des employés agricoles qui fournissent les transformateurs ; il s'agit d'un autre secteur soumis à une dure concurrence liée à la mondialisation.