L'ombre des États-Unis planera sur l'économie canadienne en 2007, d'après les prévisionnistes des grandes institutions financières, qui s'entendent pour dire que la croissance sera modeste et que le secteur manufacturier continuera à souffrir.

L'ombre des États-Unis planera sur l'économie canadienne en 2007, d'après les prévisionnistes des grandes institutions financières, qui s'entendent pour dire que la croissance sera modeste et que le secteur manufacturier continuera à souffrir.

Des spécialistes interrogés, le plus optimiste est Robert Hogue, du Groupe Financier BMO, qui prévoit une augmentation de 2,8 pour cent du PIB canadien en 2006 et de 2,6 pour cent en 2007.

«À notre avis, l'année qui vient va ressembler beaucoup à celle qu'on vient de connaître. Pour certains secteurs, ça pourrait même être un peu pire à cause du ralentissement du marché immobilier aux États-Unis», a-t-il expliqué.

D'après son collègue de la Banque Nationale, Clément Gignac, les consommateurs américains qui se sont beaucoup endettés ces dernières années réduiront leurs dépenses, surtout si leur maison perd de la valeur.

L'économiste souligne que les permis de bâtir au pays de l'Oncle Sam sont en chute libre et que les prix ont commencé à baisser. A son avis, la glissade pourrait atteindre 8 à 10 pour cent en moyenne.

«Il ne faut pas se leurrer. Le Canada subira les conséquences parce que son économie dépend à 80 pour cent de l'économie américaine», a-t-il insisté.

Les entreprises manufacturières, qui doivent déjà composer avec la vigueur du dollar et la concurrence de plus en plus vigoureuse de la Chine, risquent de voir la demande pour leurs produits diminuer encore.

«Il va y avoir d'autres pertes d'emplois et les ajustements se poursuivront pendant quelques années encore», croit Robert Hogue.

À son avis, certains domaines, comme ceux de la machinerie, de l'électronique et de l'alimentation devraient résister et même prospérer, tandis que d'autres, notamment celui du meuble, vivront des moments très difficiles.

L'économiste de Toronto fait toutefois remarquer que le taux de chômage au pays demeure près de son plancher historique.

Les disparités entre l'Ouest et l'Est du pays demeureront importantes. Selon toute vraisemblance, l'Alberta trônera en tête de peloton en ce qui a trait à la croissance de son PIB, tandis que le Québec et l'Ontario, où sont concentrées les activités de fabrication, progresseront à pas de tortue.

Clément Gignac prévoit une croissance de 1,8 pour cent pour le Québec en 2006 et 2007 et de 1,6 pour cent pour l'Ontario.

Même faibles, ces taux sont supérieurs à ceux qu'envisage François Dupuis, du Mouvement des Caisses Desjardins. L'économiste s'attend à une quasi stagnation de l'économie québécoise avec des progressions du PIB de 1,5 pour cent en 2006 et de 1 pour cent en 2007.

«Ce seront des années de transition pour l'économie. La situation demeurera difficile pour les régions ressources et les ajustements ne sont pas terminés dans le secteur manufacturier. Mais tout n'est pas noir. Il y a encore des investissements. Ce n'est pas une récession», a-t-il insisté en entrevue à la Presse Canadienne.

Desjardins a récemment publié des données sur la croissance de chacune des régions de la province, pour cette année et l'année prochaine. Selon la coopérative financière, à l'exception de Québec et de l'Outaouais, qui bénéficient de la présence des gouvernements, les progrès ne seront pas faramineux l'an prochain.

Les régions ressources fermeront la marche. Les problèmes de l'industrie forestière, l'exode des jeunes et le manque de main-d'oeuvre qualifiée continueront à leur nuire. L'exploration pétrolière, le développement éolien, le regain de l'industrie minière et les projets des alumineries permettent toutefois d'espérer une amélioration.

Les régions centrales s'en tirent à peine mieux. Desjardins s'attend même à ce que l'Estrie, où l'on retrouve des entreprises de meubles et de textiles, enregistre le taux de croissance le plus faible après le Nord-du-Québec.

Quant à la région métropolitaine de Montréal, qui compte pour plus de 60 pour cent de l'économie du Québec, elle est encore freinée par mais devrait néanmoins poursuivre son développement, a estimé François Dupuis.

La Banque du Canada

Le prévisionniste s'attend à ce que la devise canadienne poursuive sa baisse pendant encore quelques mois, avant de remonter à 0,88 $ US en fin d'année. Le huard pourrait dépasser 0,92 $ US à la fin de 2008.

Ce scénario ressemble à celui qu'a retenu Clément Gignac, qui situe le dollar canadien dans une fourchette allant de 0,85 à 0,88 $ US. Robert Hogue situe plutôt la valeur du dollar entre 0,88 $ et 0,91 $ US.

Les trois économistes ne s'entendent toutefois pas du tout sur ce que la Banque du Canada fera des taux d'intérêt l'année prochaine.

Alors que Clément Gignac prévoit une baisse progressive de 100 points de base à partir du premier trimestre, son collègue Robert Hogue pense que l'institution prendra plutôt une pause et laissera son taux principal à 4,25 pour cent toute l'année prochaine, même si la Réserve fédérale américaine abaisse le sien.

Le Mouvement des caisses Desjardins prévoit pour sa part deux baisses consécutives d'un demi-point à partir d'avril. Le loyer de l'argent demeurerait ensuite stable à 3,75 pour cent jusqu'à la fin de l'année.