Les investisseurs n'ont pas eu assez peur de la crise des hypothèques à risque. Le mal est plus grand qu'ils ne le pensent, estime Vital Proulx, président de la firme de gestion de titres internationaux Hexavest.

Les investisseurs n'ont pas eu assez peur de la crise des hypothèques à risque. Le mal est plus grand qu'ils ne le pensent, estime Vital Proulx, président de la firme de gestion de titres internationaux Hexavest.

Imaginez: Le marché hypothécaire américain vaut 10 000 milliards de dollars US. Les hypothèques à risque forment 20% de ce montant, soit 2000 milliards US.

Si la moitié tombe en défaut de paiement, cela fait 1000 milliards. Cela ne veut pas dire que tout l'argent sera perdu... mais peut-être 30%, estime M. Proulx. Des pertes de 300 milliards? Est-ce trop pessimiste?

«Nous sommes à l'aise avec ce chiffre. La Réserve fédérale a dit la semaine dernière que les pertes seraient plus élevées que les 100 milliards qu'elle entrevoyait au départ», rapporte le gestionnaire.

Pour mettre en perspective ce montant astronomique, M. Proulx calcule que l'ensemble des banques américaines réalisent des profits de 140 milliards par année. C'est donc l'équivalent de plusieurs trimestres de profits qui pourraient s'évaporer.

Ce qui l'inquiète le plus: l'effet de contagion. «Si le problème se limite aux hypothèques à risque, ça se gère relativement bien. Mais c'est devenu une crise de liquidités dont personne n'est capable d'évaluer l'ampleur», dit M. Proulx.

Ce qui l'encourage: oubliez les miracles. «Il faut que les gens arrêtent de chercher une formule magique», dit M. Proulx. On ne peut pas attendre que les banques centrales baissent les taux d'intérêt pour sauver ceux qui ont créé le problème.

Le gestionnaire sera encouragé lorsque les Américains recommenceront à épargner pour payer leurs dettes. Pour que cela se concrétise, il faudra que le marché du travail soit vigoureux. L'emploi sera donc une statistique cruciale à surveiller.

Conseil d'ami: «Je trouve ça renversant que les Bourses n'aient pas baissé davantage. C'est une occasion unique de réduire son exposition aux actions», dit M. Proulx. Les indices pourraient s'écraser de 15%, d'ici six mois.

À fuir: les marchés émergents, qui ont peu baissé. La Chine, par exemple, est très dépendante des exportations. Elle subira les contrecoups d'une baisse de la consommation des Américains.

À saisir: inutile de se ruer pour acheter! Mais dans un portefeuille d'actions, on doit privilégier des titres plus défensifs, comme les grandes sociétés pharmaceutiques: Pfizer ou Merck.