Les malheurs du Q400 n'ont pas suscité la panique sur les marchés.

Les malheurs du Q400 n'ont pas suscité la panique sur les marchés.

L'action de catégorie B de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] n'a perdu que 2,2% de sa valeur mercredi à la Bourse de Toronto et les analystes n'ont pas prédit de grandes turbulences au niveau des résultats ou du carnet de commandes de l'avionneur.

«La famille de turbopropulseurs de Bombardier a une solide réputation en fait de qualité et nous ne pensons pas que ces incidents auront des impacts significatifs à long terme», a écrit Benoît Poirier, analyste de la firme Valeurs mobilières Desjardins, dans un rapport préparé mercredi.

Il a recommandé aux investisseurs de profiter de toute baisse du cours de l'action pour procéder à quelques achats.

Cameron Doerksen, de la firme Versant Partners, a rappelé que le carnet de commandes de Bombardier pour l'appareil Q400 était bien garni et que plusieurs clients passaient de nouvelles commandes.

«Cela me laisse penser qu'ils sont plutôt heureux avec cet appareil, a-t-il déclaré en entrevue téléphonique. Je ne pense pas que les incidents de cette semaine auront un effet significatif sur les ventes de l'appareil.»

Il a ajouté que ce n'était pas Bombardier qui avait fabriqué les trains d'atterrissage, mais Goodrich, ce qui diminuera d'autant l'impact sur Bombardier.

L'économiste Adam Pilarski, de la firme américaine de consultants Avitas, a aussi minimisé l'impact des incidents d'Aalborg et de Vilnius.

«Ce n'est pas bon, mais à moins de trouver quelque chose de vraiment mauvais dans le programme, ce n'est pas quelque chose de mortel, a-t-il déclaré en entrevue téléphonique depuis la Virginie. Tous les appareils ont, de temps en temps, des problèmes qui apparaissent dans certaines conditions qu'il faut réparer.»

Il arrive souvent que les manufacturiers recommandent telle ou telle inspection, mais il est beaucoup moins fréquent qu'un avionneur «recommande fortement» aux opérateurs de garder tous les appareils au sol en attendant les inspections.

Pour Isabelle Dostaler, un professeur de l'école de gestion John Molson de l'Université Concordia qui suit de près l'industrie aérienne, la réaction vigoureuse de Bombardier est un point positif.

«On prend les choses au sérieux, a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique. On prêche peut-être par excès de prudence, mais dans le domaine aérien, on n'est jamais trop prudent.»

Comme les autres analystes, elle a soutenu qu'il fallait attendre le résultat des enquêtes avant de sauter aux conclusions.

«Il y a plusieurs acteurs en jeu, a rappelé. Il n'y a pas que les concepteurs et les producteurs d'avion, mais aussi les utilisateurs, il y a des programmes de maintenance très précis. Il est trop tôt pour dire où se situe le problème.»

Les analystes ne s'attendent pas à ce que les malheurs de Bombardier fassent nécessairement le bonheur de son grand concurrent dans le domaine des turbopropulseurs, ATR.

L'avionneur européen devra prouver que ses appareils sont supérieurs à ceux de Bombardier, ou qu'ils ont une meilleure fiche de sécurité. Or, les analystes n'en sont pas convaincus.

Mme Dostaler a noté que chaque incident impliquant Bombardier prenait beaucoup de place dans les médias d'ici.

«Dès qu'il est question de Bombardier, on est très émotif, a-t-elle lancé. Au moindre pépin, on est prêt à mettre la clé sous la porte et à dire qu'au fond, ce n'était qu'un rêve, qu'on n'a jamais été bons dans la production d'avions.»