Les temps sont durs pour les spéculateurs sur séance (daytraders). Un litige entre partenaires vient de faire fermer plusieurs des bureaux québécois de Swifttrade, l'une des plus importantes firmes dans ce domaine.

Les temps sont durs pour les spéculateurs sur séance (daytraders). Un litige entre partenaires vient de faire fermer plusieurs des bureaux québécois de Swifttrade, l'une des plus importantes firmes dans ce domaine.

Le 9 février, les liens de télécommunications des spéculateurs du Québec ont littéralement été coupés par la maison mère de Toronto. Du coup, la quarantaine de daytraders de Montréal, Québec, Laval et Thedford Mines ont dû cesser leurs activités.

«Après sept ans de partenariat, c'est ridicule. On n'est pas contents», a dit à La Presse Affaires Simon Librati, principal dirigeant de Valeurs mobilières Swifttrade Québec.

Les déboires de Swifttrade ont fait surface dans une poursuite déposée en Cour supérieure du Québec par Simon Librati et Daniel Zini. La poursuite de plus de 6,2 M$ a été rendue publique le 28 février.

Elle vise Swiftrade Securities, de Toronto, de même que son propriétaire Peter Beck et sa firme offshore Barka Co. Limited, de Chypre, une île de la Méditerranée considérée comme un paradis fiscal.

Simon Librati affirme qu'il détenait depuis sept ans les droits de Swifttrade sur le territoire du Québec. Ce droit lui a permis de bâtir un réseau de huit succursales, dont deux à Montréal. La dernière a même été ouverte en août, rue De La Gauchetière, au centre-ville.

Essentiellement, la maison mère fournit les logiciels permettant aux spéculateurs de faire des transactions directement sur les marchés, tandis que les succursales gèrent les activités courantes. Quelque 120 bureaux de Swifttrade sont actifs dans le monde, dont une vingtaine au Canada et huit au Québec.

Au cours des dernières années, Simon Librati affirme que son réseau québécois réalisait entre 3,5 et 4 millions de revenus par année. Simon Librati et son partenaire Daniel Zini conservaient entre 55 et 60% des revenus nets, tandis que la maison mère obtenait le reste, est-il indiqué dans la poursuite.

«Ce n'était pas dans leurs plans de nous voir grossir», soutient M. Librati, selon qui la spéculation sur séance continue d'être en forte croissance.

Le litige semble tirer son origine du changement de contrat, en février 2004, entre Swifttrade, de Toronto, et les deux partenaires québécois. Selon la requête, la maison mère aurait alors unilatéralement changé les parties au contrat.

Au lieu de Swifttrade, le dirigeant Peter Beck a demandé que la contrepartie soit Barka, de Chypre. Le nouveau contrat permettait aux négociateurs et aux gérants de succursale de devenir des travailleurs autonomes, évitant ainsi de payer des déductions à la source.

Aujourd'hui, MM. Librati et Zini réclament près de 6,3 millions pour bris de contrat, pertes de revenus et autres dommages. Ils demandent en outre de pouvoir toucher une partie des dommages que pourrait obtenir Swifttrade dans sa poursuite contre Valeurs mobilières Desjardins, intentée en 2005.

Joint au téléphone, Peter Beck a été très peu loquace. Il soutient ne pas être au courant de la poursuite et n'a pas voulu discuter de la dispute. Il confirme que les bureaux de Montréal ont «temporairement» fermé en février, dans l'attente de nouveaux gestionnaires, «probablement la semaine prochaine».

Ce qui semble clair, c'est que M. Beck rouvrira les succursales du Québec une à une en faisant affaire directement avec leurs gérants respectifs. Quatre des huit succursales auraient déjà été rouvertes, mais M. Beck ne veut pas dire lesquelles.

De son côté, Simon Librati confirme que les succursales de l'ouest de l'île de Montréal et de Québec auraient redémarré leurs activités. La requête demande que ces ententes soient déclarées nulles.

Simon Librati était l'un des promoteurs qui ont aidé le ministre Bernard Landry à attirer le NASDAQ à Montréal, à la fin des années 90. Aujourd'hui, il veut poursuivre ses activités de spéculations sur séance en lançant World Trade Securities.