Un sous-marin au-dessus des nuages, ça ne passe pas toujours très bien. Surtout lorsqu'il faut sortir 5 $ de sa poche pour s'en emparer.

Un sous-marin au-dessus des nuages, ça ne passe pas toujours très bien. Surtout lorsqu'il faut sortir 5 $ de sa poche pour s'en emparer.

Comme beaucoup d'autres transporteurs nord-américains, Air Canada a cessé il y a quelques années d'offrir des repas gratuits sur ses vols en Amérique du Nord. Il est maintenant possible de casser la croûte à bord, mais il faut ouvrir son portefeuille : un sous-marin Subway ou un Poulet Général Tao Le Choix du présidwent pour 5 $, des céréales Spécial K pour 2 $, une bouteille d'eau pour 1 $.

«Le fait de devoir payer pour une bouteille d'eau, ça passe un peu croche», commente Isabelle Lussier, gérante de l'agence Voyages Constellation.

Jean-Paul Bellon, propriétaire de Voyages Malavoy, abonde dans le même sens : «Les gens trouvent ça épouvantable, affirme-t-il. Moi-même, je voyage beaucoup en Amérique du Nord. Je peux dire qu'Air Canada, c'est la compagnie qui a le plus exagéré.»

Air Canada se défend en affirmant qu'elle n'avait pas le choix, qu'elle devait faire face à la concurrence des transporteurs à rabais. «C'est sûr que c'est différent de ce qui se faisait avant, convient Guylaine Lavoie, directrice de l'innovation et du marketing d'Air Canada. Et puis, tout changement provoque certains commentaires chez les gens.»

Elle fait valoir que les bons vieux services d'antan sont encore offerts à bord sans frais supplémentaires si on accepte de payer le tarif Latitude, le tarif le plus élevé de la classe économique. Elle fait également valoir qu'Air Canada offre maintenant un grand nombre d'options à la carte qui permettent d'augmenter le service en payant des frais supplémentaires ou de le réduire en échange de rabais.

Vous voulez avoir la possibilité de faire des modifications à vos plans de voyage tout en bénéficiant des économies du tarif Tango, le tarif le moins élevé de la classe économique? Pour un vol en Amérique du Nord, vous n'avez qu'à ajouter 40 $ au prix de votre billet d'avion. Vous ne prévoyez pas enregistrer de bagages et vous ne tenez pas à accumuler des milles Aéroplan ? Vous pouvez soustraire respectivement 5 et 3 $.

«C'est une innovation, presque une exclusivité que nous offrons», affirme Mme Lavoie.

Cette nouvelle grille tarifaire se veut une réaction à la menace des transporteurs à rabais.

Mme Lavoie rappelle que ces transporteurs étaient arrivés avec une nouvelle philosophie. Alors que les transporteurs traditionnels offraient à l'époque toute une gamme de services gratuits, les transporteurs à rabais n'offraient que les services de base en échange d'un tarif beaucoup plus bas.

«Les transporteurs traditionnels ont dû s'adapter et ajuster les services offerts, relate Mme Lavoie. C'est ainsi que, en Amérique du Nord, les compagnies aériennes ont totalement cessé d'offrir des repas à bord afin d'offrir des prix concurrentiels.»

Air Canada s'est toutefois demandé s'il ne pourrait pas offrir à ses clients le choix de payer pour des services supplémentaires.

«Cet aspect-là de notre tarification est très récent, a déclaré Mme Lavoie. Nous avons commencé au printemps dernier sur une base très limitée, puis nous l'avons lancé à grande échelle à la fin d'octobre. C'est quelque chose que très peu de sociétés aériennes offrent. En Amérique du Nord, je pense qu'il n'y en a pas.»

Mme Lavoie a refusé de révéler l'effet des divers éléments de cette nouvelle grille tarifaires sur les résultats de l'entreprise. Mais elle affirme que la réponse des clients est positive.

«Entre 10 et 20 % des clients admissibles se procurent des options additionnelles, déclare-t-elle. Et de 15 à 25 % vont chercher des réductions de prix.»

Mme Lussier, de Voyages Constellation, affirme que ce sont surtout les gens d'affaires qui ajoutent des options. Les voyageurs de loisirs, eux, cherchent surtout à payer le moins cher possible.

«C'est très rare qu'il ajoutent des choses, indique-t-elle. La plupart du temps, ils en enlèvent.»

M. Bellon, de Voyages Malavoy, trouve d'ailleurs la chose un peu dommage.

«Il me semble que, pour avoir un peu plus de flexibilité, un peu plus d'espace pour les jambes, les gens devraient pouvoir s'offrir un peu plus», déclare-t-il.

Il s'étonne de voir à quel point les voyageurs tiennent mordicus au billet d'avion le moins cher possible.

«Ils sont prêts à payer 100 $ à destination pour le taxi de Charles-de-Gaulle jusqu'à leur hôtel, mais ils ne sont pas prêts à payer 50 ou 75 $ de plus pour un petit service additionnel à bord ou pour moins de restrictions sur le billet d'avion», laisse-t-il tomber.

Mme Lavoie croit qu'Air Canada est sur la bonne voie.

«La réponse de la clientèle est quand même positive parce que nous avons eu un coefficient d'occupation de 81 % pour 2006, un troisième record consécutif, souligne-t-elle. Et d'autres transporteurs commencent à regarder cela, à vouloir nous imiter.»