Les écologistes provoquent une transformation profonde du développement immobilier et urbain, dans le contexte de changements climatiques menaçants.

Les écologistes provoquent une transformation profonde du développement immobilier et urbain, dans le contexte de changements climatiques menaçants.

Jeudi au Forum immobilier et urbain, organisé par la chaire SITQ d'immobilier de l'ESG-UQAM et auquel ont participé 200 personnes, des conférenciers et les sujets discutés ont même laissé croire que des soi-disant marginaux prenaient le contrôle du développement de Montréal.

«Prendre le contrôle, c'est trop fort», nuance Suzanne Lareau, présidente de Vélo Québec et conférencière, «mais tous sont maintenant intégrés à ce développement. Sinon, on s'en va vers un cul-de-sac. Montréal est tellement congestionné. Ce qu'on dit depuis 20 ans commence à être entendu», dit-elle.

Benoît De Grosbois, responsable du développement durable chez Loto-Québec, n'hésite pas à reconnaître à la tribune qu'il a été fortement influencé dans son travail par des écologistes comme Hubert Reeves et Steven Guilbault, d'Équiterre.

Loto-Québec se démarque d'ailleurs vraiment, comme le prouve les certifications vertes de ses immeubles. Sa nouvelle salle de jeux de Trois-Rivières vise une certification LEED (Leadership in Energy & Environment Design) et celles de Québec et de Tremblant s'en viennent, pour des économies d'énergie de 25% à 35%.

«Les groupes de pression finissent souvent par prendre le pouvoir. C'est normal», explique Jacques Saint-Pierre, titulaire de la chaire SITQ d'immobilier.

D'autant plus normal que Montréal, malgré les croyances, a pris du retard dans le développement durable, par rapport à plusieurs villes d'Europe et, même, du Québec.

Contrairement à Montréal, Lévis et Baie-Saint-Paul se sont déjà engagés dans le développement durable, soulignent respectivement le directeur du développement de la ville de Lévis, Philippe Meurant, et l'urbaniste Serge Filion.

Le maire de l'arrondissement de Rosemont, André Lavallée, souligne que Montréal doit enfin adopter son plan de transport d'ici janvier.

C'est un élément majeur, mais seulement un des 2500 dossiers sur lequel les villes devraient travailler, selon le plan d'Action 21 (ou Agenda 21) du Sommet de la terre de Rio, tenu en 1992.

Le développement durable fait des progrès, mais il faut passer à une seconde étape, faire participer tout le monde et changer les mentalités, explique Jacques Saint-Pierre.

Impact du vélo

Le forum a laissé entrevoir les changements majeurs envisagés pour le centre-ville de Montréal, l'impact du vélo dans le transport et du volet durable dans l'habitation.

Le leadership doit venir de la Ville, selon Jacques Saint-Pierre. Selon plusieurs études, dont celle de Secor et de la chambre de commerce de Montréal, investir dans le transport collectif est rentable pour tous et pas seulement pour les usagés, souligne Florence Junca-Adenot, professeure d'études urbaines à l'UQAM.

Lundi, dans une nouvelle étude, la Société canadienne d'hypothèques et de logement insiste sur la nécessité de bâtir des habitations éco-énergétiques dans les zones centrales ou près des transports en commun en banlieue, pour l'avenir de la planète.

Paul Lewis, directeur de l'Observatoire SITQ du développement urbain, à l'Université de Montréal, déplore l'étalement qui complique le transport collectif. Montréal va annoncer bientôt l'expansion du réseau cyclable, indique André Lavallée, et la ville profitera de la réfection des infrastructures pour multiplier les voies réservées au transport collectif, sans négliger les piétons.

Pour des trajets de moins de cinq kilomètres, en ville, le vélo est plus efficace que l'auto et le transport collectif, souligne Suzanne Lareau.

Les pistes cyclables permettent de réduire les risques d'accident, et les stationnements pour vélos, celui des vols.

Durant neuf mois par année, les cyclistes n'ont pas à craindre la neige, dit-elle. Plusieurs villes d'Europe l'ont déjà compris et leurs citoyens y font ainsi 10% à 36% de leurs déplacements par vélo, conclut-elle.