Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes hésite à réglementer le fonctionnement des entreprises de presse, en dépit des inquiétudes exprimées par les associations professionnelles et syndicales qui trouvent que la fusion de grands médias réduit la diversité des points de vue.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes hésite à réglementer le fonctionnement des entreprises de presse, en dépit des inquiétudes exprimées par les associations professionnelles et syndicales qui trouvent que la fusion de grands médias réduit la diversité des points de vue.

Le président de l'organisme, Konrad Von Finckenstein, a indiqué mercredi qu'il était peu disposé à édicter des règles susceptibles d'interférer directement avec le travail des journalistes de peur d'être accusé de menacer leur indépendance.

Empêcher une entreprise de posséder une chaîne de télévision et un quotidien dans le même marché ou insister pour que les salles de rédaction des médias appartenant à un même groupe ne soient pas fusionnées pourrait avoir cet effet, a-t-il indiqué.

C'est pourtant ce que souhaitent plusieurs groupes de pression dont la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ainsi que des syndicats de l'industrie, parmi lesquels la Fédération nationale des communications (CSN) et la Guilde canadienne des médias, qui représente entre autres les employés de Radio-Canada et de La Presse Canadienne.

Ces organisations disent avoir été témoins de plusieurs incidents préoccupants au cours des dernières années. Le président du syndicat de TVA, Jean Chabot, a ainsi raconté que la production des bulletins de nouvelles était rapatriée à Montréal pendant le temps des Fêtes, privant les citoyens des autres régions - et notamment ceux de Québec ü d'informations locales.

Les syndicats s'inquiètent aussi de voir qu'on envoie désormais un seul journaliste là où on en dépêchait trois ou quatre, il n'y a pas si longtemps. Il n'est pas rare qu'une même personne doive produire à la fois un texte, du son et des images pour accompagner un reportage décliné sur plusieurs plateformes.

La présidente de la Fédération nationale des communications (CSN), Chantal Larouche, craint que les exigences de plus en plus grandes des patrons transforment les journalistes en «machines à mettre du contenu dans des contenants».

Cette façon de faire accroît en outre le risque d'erreur, souligne sa collègue de la Guilde, Karen Wirsig. «Le reformatage n'a rien à voir avec la diversité des points de vue. Ce sont les mêmes faits, les mêmes entrevues, la même interprétation et aussi les mêmes fautes qui sont reproduites sur plusieurs supports», a-t-elle fait remarquer.

Ces syndicalistes témoignaient mercredi devant le Conseil qui se penche jusqu'à vendredi sur les moyens d'assurer la diversité des voix et des points de vue dans les médias, sans pour autant les empêcher de croître et d'évoluer.

Le CRTC a annoncé la tenue de cette audience publique au lendemain de trois grandes fusions impliquant Astral Média, Standard Broadcasting, CanWest Global, Alliance Atlantis, Corus et CHUM.

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer ces transactions qui concentrent l'essentiel des radios, télévisions et publications importantes du pays dans les mains d'une poignée d'entreprises.

Jusqu'à maintenant, le CRTC a notamment entendu les géants Quebecor et CanWest. Ces derniers soutiennent que la «convergence» des médias est inévitable et que l'avenir de l'industrie passe par sa déréglementation.

La Société Radio-Canada s'est pour sa part dite favorable à de nouvelles règles qui tiendraient compte de son statut particulier de société d'Etat.