Le plus gros détaillant en alimentation au Canada, Loblaw (T.L), est «égaré» au Québec, sinon en «perdition» avec certaines bannières, selon un analyste réputé de Bay Street, après une tournée de supermarchés de la région de Montréal.

Le plus gros détaillant en alimentation au Canada, Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]], est «égaré» au Québec, sinon en «perdition» avec certaines bannières, selon un analyste réputé de Bay Street, après une tournée de supermarchés de la région de Montréal.

«La seule force du groupe Loblaw au Québec est sa chaîne de supermarchés Maxi et leur politique de bas prix. Et encore, ces bas prix sont devenus leur seul attrait pour les consommateurs, face à des concurrents plus dynamiques et mieux approvisionnés», selon Perry Caicco, de Marchés des capitaux CIBC, l'une des plus grosses firmes financières de Toronto.

M. Caicco est l'un des analystes en commerce de détail les plus réputés dans le milieu financier et boursier de Bay Street.

Il livre ses commentaires sur Loblaw et le marché québécois dans un rapport distribué à ses clients-investisseurs, après un relevé commercial dans des supermarchés de Montréal et de sa banlieue.

En fait, le milieu d'affaires de Toronto, d'où est dirigé Loblaw, savait déjà que cet important détaillant éprouvait des problèmes au Québec.

En février dernier, Loblaw avait secoué ses actionnaires avec une énorme dépréciation spéciale de 900 millions de la valeur de sa filiale Provigo au Québec.

Cette acquisition lui avait coûté 1,5 milliard en 1998. Mais de l'avis de nouveaux dirigeants de Loblaw, elle n'a jamais produit les profits attendus.

Dans ce contexte, le rapport de l'analyste Perry Caicco, intitulé «On The Ground in Montreal», constitue un regard inédit sur le marché alimentaire au Québec pour le milieu boursier de Bay Street.

Or, ses constatations à propos du groupe Loblaw-Provigo par rapport à ses principaux concurrents, Metro et Sobeys-IGA, sont très négatives, sinon troublantes.

Et ce même si sa part de marché, avec ses trois bannières Loblaw, Provigo et Maxi, demeure la plus grosse au Québec.

L'analyste l'évalue à 36 % du marché québécois de l'alimentation, contre 28 % chacun pour Metro et Sobeys-IGA.

Quant à l'évolution de ces parts de marché, M, Caicco constate cependant que les deux seules grandes bannières en déclin au Québec appartiennent au géant torontois: Loblaw et Provigo.

Loblaw à la dérive

À propos de Loblaw, qui a ouvert 37 supermarchés au Québec, l'analyste estime que cette enseigne a «perdu sa voie et est à la dérive» sur le marché québécois.

Loblaw n'est pas parvenue à établir sa «propre identité» au Québec, entre les supermarchés à escompte et ceux de gammes régulière et supérieure.

À propos de la chaîne Provigo, l'analyste de CIBC considère qu'elle est «en déclin continu», avec une part du marché rétrécie à 5,5 %.

La bannière Maxi tire davantage son épingle du jeu pour le groupe Loblaw au Québec, constate-t-il. Mais pour combien de temps?

«Maxi ne se distingue plus que par ses plus bas prix. C'est devenu la seule raison d'y magasiner», écrit l'analyste.

«Les supermarchés Maxi que nous avons visités étaient généralement dans un état négligé, avec des tablettes dégarnies.»

Pourtant, avertit M. Caicco, la chaîne Maxi pèse pour «presque 60%» des revenus de Loblaw au Québec, constituant même son «épine dorsale» dans ce marché.

Et en cas d'incursion au Québec de nouveaux concurrents à bas prix, comme les «Supercentres» de Wal-Mart, récemment implantés en Ontario, l'analyste estime que "Maxi serait la plus vulnérable" parmi les principales bannières québécoises en alimentation.

De bons mots pour les rivaux

Quant aux concurrents de Loblaw au Québec, les constatations de Perry Caicco sont nettement plus favorables.

À propos de Metro, l'analyste indique avoir constaté sa «force» dans les deux principaux créneaux de marché: les supermarchés à escomptes Super C et les supermarchés de pleins services Metro Plus.

«La nouvelle version des Super C est fort bien organisée en deux grandes sections, les aliments frais d'un côté et les non périssables de l'autre», constate M. Caicco.

«Certes, les prix réguliers de Super C ne sont pas aussi bas que chez Maxi. Mais ses magasins et sa commercialisation envers les clients sont nettement supérieurs.»

Quant à la chaîne Metro Plus, l'analyste relate avoir visité des «supermarchés impressionnants» dans des quartiers de Montréal, avec de «très bonnes» gammes de produits frais et de services aux clients.

À propos de Sobeys-IGA, que l'analyste situe à égalité avec Metro pour les parts de marché, M. Caicco relate aussi avoir visité des «supermarchés impressionnants» sous l'enseigne IGA Extra.

L'un d'entre eux, identifié à son franchisé «Pierre Leduc» dans le nord de Montréal, a retenu particulièrement son attention.

«C'est le meilleur supermarché que nous avons visité dans la région de Montréal, pour sa qualité d'ensemble et son offre d'aliments frais», indique l'analyste.

Un bémol toutefois. «Les prix réguliers chez IGA sont en général un peu plus élevés qu'ailleurs. Mais ses promotions hebdomadaires sont aussi très concurrentielles.»