Dame Nature tarde à enneiger le Québec, au grand dam des stations de ski. Mais pas toutes: Ski Mont Saint-Bruno ne chôme pas par les temps qui courent.

Dame Nature tarde à enneiger le Québec, au grand dam des stations de ski. Mais pas toutes: Ski Mont Saint-Bruno ne chôme pas par les temps qui courent.

L'entreprise vend de la neige artificielle. Beaucoup de neige. L'équivalent de 37 terrains de football cette année.

Ses clients: un festival d'hiver au bord du désespoir, une ville américaine voulant couvrir son centre-ville de blanc à l'approche du Super Bowl, un nouveau propriétaire de souffleuse piaffant d'impatience de l'essayer dans son entrée, un papa désirant offrir un Noël blanc à ses enfants.

«Ça peut être aussi farfelu que ça», dit Michel Couture, vice-président de Ski Mont Saint-Bruno.

Ces fanatiques de l'hiver déboursent entre 3 et 8 $ le mètre cube pour se procurer de la neige. L'investissement minimal est 3000 $.

Les nivoculteurs les spécialistes de la neige de Saint-Bruno arrivent alors sur place avec leurs canons à neige, leur système de pompage et leur génératrice. Ils peuvent produire jusqu'à 70 mètres cubes de neige en une heure. À ce rythme, il faut moins de six minutes pour remplir un camion de 10 roues.

La société produit habituellement 60 000 mètres cubes de neige par année, soit autant que la neige nécessaire pour couvrir le mont Saint-Bruno à l'ouverture de la saison.

Avec la temps clément des dernières semaines, les 16 spécialistes de la neige, dont six sont employés à temps plein, sont en état d'alerte. Ski Mont Saint-Bruno devra notamment sauver Bal de Neige, le festival hivernal de la capitale fédérale.

«Nous ne manquons pas de boulot, dit M. Couture. Plus il pleut, plus nous devons produire de la neige. L'équipe travaille parfois 12 heures par jour.»

Mais la neige du Mont Saint-Bruno n'est pas éternelle. «Elle fond à partir du point de congélation, mais beaucoup moins vite que la neige naturelle. Il existe des machines pour fabriquer de la neige jusqu'à 25 degrés Celsius, dit M. Couture. Elles sont notamment utilisées dans les parcs d'attractions de Disney. Mais les gens au Québec ne sont pas prêts à payer pour ça.»

Il existe une autre solution plus économique pour monsieur et madame Tout-le-Monde qui n'en peuvent plus des caprices de Dame Nature: se faire livrer de la neige artificielle à domicile.

«Nous en produisons pour des clients qui en font la distribution, dit M. Couture. L'équivalent d'un camion de 10 roues coûte entre 300 et 500$ selon la période de l'année. Au début de l'hiver, c'est plus cher car il y a moins de neige sur le marché.»

À pareille date l'an dernier, une bonne partie des équipements d'enneigement de Ski Mont Saint-Bruno se trouvaient à Detroit. La métropole du Michigan, située dans le nord des États-Unis, voulait donner une allure hivernale à son centre-ville avant d'accueillir le Super Bowl.

Au fil des ans, la société a mis ses talents autant au profit d'Hydro-Québec que d'Hollywood. La neige artificielle a servi d'isolant pendant une partie des travaux de la centrale hydroélectrique Eastmain. Elle a fait ses débuts au cinéma dans The Day After Tomorrow, un film tourné à Montréal en 2003. Dans ce film, l'Amérique du Nord est menacée d'être anéantie par des froids glaciaux et de la neige... fabriquée à Saint-Bruno.