L'idée de réintroduire les péages routiers fait énormément jaser à Montréal, mais cette façon d'aller chercher de nouveaux revenus peut aussi avoir comme désavantage de vider le centre-ville.

L'idée de réintroduire les péages routiers fait énormément jaser à Montréal, mais cette façon d'aller chercher de nouveaux revenus peut aussi avoir comme désavantage de vider le centre-ville.

Selon Paul Muller, président de l'Institut économique de Montréal, les partenariats public-privé, qui ont été considérés uniquement pour la construction de nouvelles routes et autoroutes, pourraient aussi être utilisés pour la réfection des routes existantes.

Vendre un tronçon de route à refaire à une entreprise privée qui récupérerait son investissement par un péage est une avenue à considérer, suggère-t-il. «C'est une façon d'aller chercher de l'argent supplémentaire autrement que par de nouvelles taxes.»

Les péages ont été utilisés au Québec jusqu'en 1985, rappelle le porte-parole de l'Institut, et il existe des modèles ailleurs dans le monde qui ont prouvé leur efficacité.

Selon M. Muller, c'est une solution qui ne peut être appliquée partout au Québec, mais qui convient tout à fait à Montréal, dont les flux de trafic sont importants. «Ça permettrait de débloquer des projets qui attendent faute de support financier.»

Claude Dubois, président du syndicat des chauffeurs d'autobus et opérateurs de métros de la STM, milite lui aussi en faveur de la réintroduction des péages aux points d'entrée de la métropole. Mais selon lui, les recettes devraient être consacrées exclusivement au transport en commun.

M. Dubois propose un péage en vigueur uniquement entre 6h et 9h du matin, qui coûterait 1 $ par véhicule. Selon lui, la STM pourrait amasser entre 150 et 200 millions de dollars par année avec cette mesure.

Cela permettrait d'augmenter la fréquence des autobus et des métro, augmentant du coup le degré de satisfaction de la clientèle. «Présentement, le service est pourri et les gens le savent, c'est pour ça qu'ils ne prennent plus l'autobus», lance le syndicaliste.

Instaurer un tel péage ne pénaliserait pas toute la population, puisqu'il serait en vigueur seulement 3 heures par jour, du lundi au vendredi, dit-il. Et le coût -1 $- ne serait pas trop dur à avaler selon lui. «C'est même pas le prix d'un ticket d'autobus.»

À la Ville de Montréal, l'administration Tremblay-Zampino a clairement fait savoir qu'elle aimerait bénéficier de pouvoirs de taxation accrus, dont celui d'instaurer des péages.

Le président du Conseil du patronat, Michel-Kelly Gagnon, n'est pas contre le principe du péage, au contraire. «Vous ne trouverez pas beaucoup de gens d'affaires qui s'opposent au principe de l'utilisateur-payeur», dit-il.

Le problème, selon lui, c'est quand le péage s'ajoute au fardeau fiscal total. «Les gens ont l'impression qu'ils paient déjà pour les services, alors il faudrait réduire les impôts pour leur faire accepter le péage», explique-t-il.

Les péages peuvent aussi avoir des effets pervers sur le commerce au centre-ville, souligne-t-il. Déjà, les commerçants regroupés dans Destination Montréal s'inquiètent de la perte de popularité du centre-ville comme destination de magasinage, à cause du coût du stationnement.

L'autre problème avec le péage, selon le président du Conseil du patronat, c'est qu'il faut s'assurer que les revenus générés servent à améliorer les services.