C'est le début de la saison des REER, les régimes enregistrés d'épargne

C'est le début de la saison des REER, les régimes enregistrés d'épargne

retraite.

Et cette année, les firmes de fonds de placement pourront, comme rarement

auparavant, faire miroiter des rendements alléchants dans le cadre de leur

campagne publicitaire.



« L'année 2006 a été exceptionnelle pour les fonds d'actions », constatent

les analystes de fonds de la firme Morningstar, à Toronto, dans leur récent

bilan.

« Les investisseurs qui possédaient des parts de fonds d'actions en 2006

auront pour la plupart des nouvelles très plaisantes en ouvrant leur relevé

de compte de fin d'année, au cours des prochains jours. »

Et comment !

Toutes les catégories de fonds d'actions recensées par Morningstar au Canada

affichent un rendement annuel de 9 % ou plus en 2006.

Et jusqu'à 30 % à 40 % pour certaines catégories de fonds spécialisés et

régionaux : métaux précieux, actions européennes, actions de marchés

émergents, etc.

Les fonds d'actions canadiennes ne furent pas en reste.

Un rendement de 15 % en 2006, en comptant les redevances versées, selon la

moyenne pondérée compilée par Morningstar.

Pour la quatrième année consécutive, les fonds d'actions canadiennes

connaissent un fort rendement, à l'instar de l'indice de marché S&P/TSX de

la Bourse de Toronto.

Et quelques fonds particulièrement bien gérés ont fait encore mieux, comme

le montre un des tableaux publiés ci-contre.

Jusqu'à 23 % de rendement pour le fonds d'actions canadiennes de la Banque

T-D. Et le taux étincelant de 29 % pour le fonds géré par Sceptre Investments, de Toronto, qui cible surtout les investisseurs institutionnels et les individus fortunés.

Avec cette autre année forte, le rendement à moyen terme des fonds d'actions

canadiennes s'avère évidemment fort enviable par rapport aux autres Bourses

de la planète.

Les calculs de la firme Morningstar font état d'un rendement annualisé de

16 % depuis trois ans, et d'au moins 11 % depuis cinq ans.

C'est mieux que toutes les régions du monde sur une base de cinq ans, à

l'exception des Bourses des marchés émergents.

Mais cela pourrait aussi signaler un prochain plafonnement de la Bourse

canadienne, sinon une rechute, avertissent des stratèges boursiers.

Ces temps-ci, ils gardent un oeil préoccupé sur les cours déclinants des

matières premières et le pétrole, les deux principaux secteurs porteurs du

S&P/TSX depuis trois ans.

Le mot d'ordre : diversification

Les investisseurs doivent donc faire preuve d'une prudence accrue envers la

Bourse canadienne, à moins d'une embellie inattendue des prochains résultats

de grandes entreprises dans d'autres secteurs importants : services

financiers, industries, consommation.

D'où la recommandation générale des stratèges boursiers aux investisseurs

canadiens de bien diversifier leurs placements à l'extérieur du Canada.

« La Bourse canadienne fera moins bien (en 2007) que son équivalent

américain pour la première fois depuis 2001, même si elle pourrait dégager

des rendements intéressants. Aussi, c'est l'Europe qui devrait être le

meilleur marché international en 2007 », indiquait Louis Chasles,

gestionnaires de portefeuilles chez TD Waterhouse, dans un commentaire de

début d'année à ses clients.

Pourtant, cette filiale boursière de la banque T-D est celle qui a mené son

fonds d'actions canadiennes en tête de peloton de sa catégorie, l'an

dernier.

Les gestionnaires de grands portefeuilles, des caisses de retraite surtout,

comme la Caisse de dépôt et placement du Québec, diversifient beaucoup leurs

placements à l'étranger depuis des années.

Pourquoi pas les particuliers ? D'autant que le plafonnement de contenu

étranger des REER a disparu il y a deux ans.

D'ailleurs, malgré la bonne performance récente des fonds d'actions

canadiennes, les investisseurs qui avaient misé davantage sur les Bourse à

l'extérieur du Canada ont fait mieux depuis un an.

Et encore plus s'ils avaient dirigé une partie de leurs billes vers l'Europe

et les marchés émergents.

Selon Morningstar, le rendement moyen pondéré des fonds d'actions mondiales

cote presque à 18 % en 2006, trois points de plus que les fonds d'actions

canadiennes. Et en trois ans, leur rendement moyen atteint 10 % par an.

À première vue, c'est six points de moins que la moyenne des fonds d'actions

canadiennes. Mais aussi pas mal du tout selon le point de vue de la

diversification des risques de portefeuille.

Marchés émergents

Et que se passera-t-il avec les fonds d'actions de marchés émergents, de

loin les plus performants depuis trois ans et cinq ans ?

Ce groupe est mené par des économies en expansion rapide comme le Brésil, la

Russie, l'Inde et la Chine, surnommées B.R.I.C. dans le jargon boursier.

« Nous voyons les marchés émergents comme l'un des principaux lieux de

croissance des profits d'entreprise et de bon potentiel boursier pour

2007 », indiquait récemment Alan Brown, directeur de placements chez

Schroders PLC de Londres, qui gère 229 milliards US en valeurs mobilières.

Une précaution toutefois : ces Bourses des marchés émergents demeurent des

plus volatiles à court terme.

Exemple récent : l'indice des marchés émergents MSCI, compilé par Morgan

Stanley Capital International, a basculé de 20 % en mai et juin 2006, lors

de la minicorrection qui a entraîné une baisse d'environ 5 % sur les Bourses

de pays développés.

N'empêche, cet indice MSCI, une référence parmi les investisseurs

internationaux, a terminé l'année 2006 avec un rendement de 28 %.

Et depuis trois ans, son rendement annualisé s'élève à 26 %.

Le début d'année 2007 est toutefois moins avantageux, avec les soubresauts

politico-financiers en Indonésie, en Thaïlande et au Venezuela.

Mais pour les gestionnaires de placements, l'un des trucs envers les marchés

émergents est de profiter des moments de ressac pour investir davantage dans

des titres prédéterminés, à meilleur prix.

Et rien n'empêche les particuliers d'en faire autant avec des fonds

d'actions de marchés émergents, au moment opportun.