Après des années noires, l'Allemagne a retrouvé en 2006 son rôle de locomotive de l'économie de la zone euro, avec sa plus forte croissance depuis 2000 et a ramené son déficit public dans les limites du pacte de stabilité, selon des chiffres publiés jeudi.

Après des années noires, l'Allemagne a retrouvé en 2006 son rôle de locomotive de l'économie de la zone euro, avec sa plus forte croissance depuis 2000 et a ramené son déficit public dans les limites du pacte de stabilité, selon des chiffres publiés jeudi.

L'an passé, le Produit intérieur brut (PIB) allemand a augmenté de 2,5%, après 0,9% l'année précédente, selon une première estimation de l'Office fédéral des statistiques (Destatis).

Sur le seul quatrième trimestre, le PIB a progressé de 0,5% comparé au trimestre précédent.

«Il s'agit de la plus forte reprise économique depuis le boom de l'année 2000» et de la nouvelle économie, où la hausse du PIB avait été de 3,2%, s'est réjoui le président de l'institut, Walter Radermacher, lors d'une conférence de presse à Francfort (Ouest). Il s'agit «d'un taux de croissance étonnamment élevé», a-t-il insisté.

Ce niveau de reprise n'est pourtant pas vraiment une surprise. Le gouvernement allemand, qui tablait officiellement sur 2,3%, avait déjà fait savoir par la voix de son ministre des Finances, Peer Steinbrück, que la croissance pourrait atteindre au moins 2,5%.

Un optimisme soutenu par une série de bons indicateurs publiés au cours des dernières semaines.

«2006 a été une année de succès pour l'Allemagne. La championne du monde des exportations est aussi maintenant une locomotive conjoncturelle», s'est félicité le ministre de l'Économie conservateur, Michael Glos.

L'Allemagne, pendant des années à la traîne de la zone euro, revient donc en force, alors que la conjoncture n'est pas aussi souriante chez ses grands voisins. Le ministre du Budget français, Jean-François Copé, a répété jeudi que la croissance devrait ressortir dans le bas de la fourchette des prévisions de Paris, de 2-2,5%.

De plus, les chiffres présentés par Destatis ont confirmé que la croissance allemande, longtemps dépendante des exportations, repose à présent sur une assise plus large.

Après deux années de croissance quasi-nulle, la consommation des ménages, traditionnel point noir, a affiché une hausse de 0,6% en 2006. Autre point positif, les investissements des entreprises ont progressé de 7,3%.

Quant aux exportations, elles ont affiché leur plus haut niveau depuis 2000 avec une progression de 12,4%.

Cette performance économique a aidé l'Allemagne à revenir dans les limites de la barre de 3% fixée par le Pacte de stabilité, qu'elle enfreignait depuis 2002.

Le déficit public, qui comprend le déficit fédéral, celui des régions, des communes et des caisses de sécurité sociale, est descendu à 46,5 milliards d'euros, soit 2,0% du PIB, contre encore 3,2% en 2005. Un résultat que s'est empressée de saluer la Commission européenne.

Ceci est de bon augure pour la suite, a estimé M. Radermacher. «La croissance de 2006 n'est pas éphémère. Aussi bien dans la construction que pour la consommation, la longue période de sécheresse semble toucher à sa fin», selon lui.

Berlin table pour cette année sur une croissance de 1,4%, un ralentissement lié à l'essoufflement de la croissance américaine, mais surtout à la hausse de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui est passée de 16 à 19%.

Pour autant, cette augmentation de la fiscalité indirecte, la plus importante de l'histoire de l'Allemagne, pourrait ne pas avoir les effets dévastateurs attendus. «La forte reprise sur le marché de l'emploi doit être vue comme un contrepoids» au relèvement de la TVA, pronostique ainsi Jörg Lüschow, analyste chez WestLB.

L'Allemagne a fini l'année passée avec un nombre de chômeurs légèrement supérieur à quatre millions en données brutes, soit un repli de presque 600 000 personnes sur un an.