Les investisseurs boursiers s'attendent à plus encore pour une prise de contrôle d'Alcan (T.AL), le géant montréalais de l'aluminium.

Les investisseurs boursiers s'attendent à plus encore pour une prise de contrôle d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]], le géant montréalais de l'aluminium.

Malgré l'offre de 73,25 $ US l'action annoncée lundi par sa rivale américaine Alcoa, les actions d'Alcan ont terminé à 82,11 $ US à la Bourse de New York, où elles sont les plus échangées.

«Il y avait déjà des rumeurs qui circulaient à propos d'Alcan. Mais avec toutes ces transactions dans l'industrie mondiale des mines et métaux, on peut s'attendre à une offre majorée quand une entreprise aussi particulière qu'Alcan est ciblée», a commenté un analyste new-yorkais, dont la firme restreint les commentaires médiatiques.

Mais s'ils peuvent souhaiter d'autres offres plus élevées, les actionnaires d'Alcan ont tout de même déjà de quoi se réjouir.

L'offre annoncée par Alcoa, au comptant et par échange d'actions, est supérieure de 20 % au cours de fermeture précédent des actions d'Alcan, vendredi dernier.

Et malgré tout, les actions d'Alcan ont bondi lundi encore plus haut, jusqu'à 34 % de plus en fin de séance. Elles valent maintenant 50 % de plus qu'en décembre dernier!

À la Bourse de Toronto, Alcan a terminé en hausse de 23 $ à 90,57 $ l'action. Cela représente un gain de valeur boursière de 8,4 milliards CA en quelques heures, pourvu que cela tienne.

Un volume très élevé d'actions a changé de mains: 20,6 millions en tout à Toronto.

Toutefois, c'est la Bourse de New York qui est la plus déterminante pour le cours des actions d'Alcan. Et lundi encore, 33,6 millions d'actions ont été échangées sur Wall Street, soit 63 % de plus qu'à Toronto.

Cette situation démontre aussi l'actionnariat très international d'Alcan, et déjà plus américain que canadien.

Le principal actionnaire d'Alcan, même très minoritaire, est d'ailleurs américain, ou plus exactement californien.

Il s'agit de Capital Group International, un colosse du placement qui gère 1000 milliards US en fonds communs et en portefeuilles d'investisseurs institutionnels.

Parmi cet actif, son bloc de 26,4 millions d'actions d'Alcan, ou 7,2 % du total, valaient quelque 2,1 milliards US en fin de séance, lundi.

Est-ce assez pour inciter Capital Group à déposer ses actions à l'offre d'Alcoa?

«Nous ne commentons jamais nos placements», a répliqué brièvement Chuck Freadhoff, porte-parole de Capital Group à son siège social de Los Angeles, lundi.

Alcoa

Du côté d'Alcoa, qui est prête à commettre en tout 33 milliards US en achat d'actions et en reprise de dette pour s'emparer d'Alcan, les investisseurs boursiers ont aussi réagi favorablement.

Les actions d'Alcoa ont grimpé de 8 % à 38,63 $ US à la Bourse de New York.

Une telle hausse est inhabituelle pour une entreprise qui lance une offre d'achat contre une grosse rivale, et à prix fort en plus.

Manifestement, l'explication d'une «combinaison de valeur sans pareil dans l'aluminium» de la part du chef de la direction d'Alcoa, Alain Belda, semble séduire les investisseurs boursiers.

«Une acquisition réussie d'Alcan améliorerait considérablement la position d'Alcoa dans l'industrie mondiale de l'aluminium en augmentant sa part de marché, sa capacité de production et la diversité géographique de ses activités», a commenté Thomas Watters, analyste chez l'agence financière Standard & Poors à New York.

En effet, l'acquisition d'Alcan par sa rivale américaine Alcoa permettrait à cette dernière de reconquérir le premier rang mondial de l'aluminium.

Chacune de leur côté, Alcan et Alcoa sont de plus en plus défiées sur le marché international par des producteurs d'aluminium provenant de pays en émergence économique, à coûts moindres.

D'ailleurs, Alcoa a perdu son premier rang mondial en mars dernier aux mains d'une concurrente d'origine russe, Rusal.

Cette firme a grossi sa capacité de production à 4 millions de tonnes par an avec l'intégration des actifs de production de OAO Sual et d'un géant du courtage des métaux, Glencore International.

Chez Alcoa, la capacité de production plafonne à 3,5 millions de tonnes. En acquérant et fusionnant Alcan, cette capacité augmenterait à 7,8 millions de tonnes par an, loin devant Rusal.

En Bourse, les investisseurs voient dans ce projet un bon potentiel de valeur ajoutée pour Alcoa.

Lundi seulement, ils ont bonifié sa valeur boursière de 2,5 milliards US, malgré la perspective d'un doublement de la dette d'Alcoa autour de 43 milliards US.

«Ça serait un endettement considérable pour cette nouvelle entreprise regroupée, malgré de bonnes perspectives d'affaires», selon Thomas Watters, de Standard & Poors.

«Une telle dette pourrait représenter un défi financier important face aux gros investissements prévus dans l'industrie de l'aluminium, au cours des prochaines années.»