L'industrie aéronautique est de nouveau en pleine croissance après plusieurs années de marasme. L'avenir s'annonce radieux pour les grandes entreprises et les PME du secteur. Portrait d'une industrie qui a su traverser les turbulences.

L'industrie aéronautique est de nouveau en pleine croissance après plusieurs années de marasme. L'avenir s'annonce radieux pour les grandes entreprises et les PME du secteur. Portrait d'une industrie qui a su traverser les turbulences.

Il n'y a pas beaucoup de nuages dans la boule de cristal de Michel Legault.

Le directeur du développement des affaires de Bell Helicopter Textron Canada est convaincu que l'industrie aéronautique québécoise poursuivra son essor dans les années à venir.

"Depuis que je suis dans l'aéronautique, soit depuis 1982, c'est la première fois qu'on peut voir du beau temps aussi loin que ça dans notre boule de cristal, affirme-t-il. Ça semble très prometteur, il n'y a pas de nuages à l'horizon pour les cinq à 10 prochaines années."

Line Harvey, responsable des ressources humaines et du marketing d'Abipa, penche également du côté de l'optimisme.

"Nous sommes en pleine recrudescence, déclare-t-elle. Il y a de nouveaux avions qui vont sortir, de nouveaux modèles. La concurrence est très forte au niveau d'Airbus et de Boeing, de Bombardier et d'Embraer. Ça apporte de l'ouvrage ici."

Abipa, petite entreprise d'usinage et de soudure de Laval, dessert essentiellement des clients établis au Québec, comme Bombardier, Pratt & Whitney Canada, Rolls-Royce Canada et Messier-Dowty.

Mais Mme Harvey veut également faire preuve de prudence. Elle rappelle qu'on parle souvent de cycles de 10 ans dans l'aéronautique.

"En 2001, un ralentissement était dû. Le 11 septembre, c'est la goutte qui a fait déborder le vase, soutient-elle. Peut-être qu'en 2011, il y aura un autre ralentissement."

Le vice-président du développement des affaires au Groupe d'essais Amériques de Bodycote, Don Tambling, s'attend à un essoufflement un peu plus précoce.

"Je pense que l'industrie aéronautique va passer à travers une période difficile d'ici un an, un an et demi, mais elle va poursuivre son essor par la suite", déclare-t-il.

Des diversificationsen perspective

Les prochaines années devraient quand même apporter leur lot de changements dans l'industrie, notamment au niveau des PME et des équipementiers.

"Ceux qui seront encore là dans cinq ou dix ans vont avoir une taille plus importante et ils auront des capacités plus diversifiées, estime le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé. Ceux qui seront encore en affaires dans 10 ans ne feront plus uniquement de l'usinage. Ils offriront une panoplie de services beaucoup plus grande."

Il s'attend également à ce que les PME québécoises exportent davantage qu'à l'heure actuelle.

"On voit les PME essayer de percer le marché américain et même le marché européen, affirme-t-il. Les gens ont compris qu'on ne peut pas toujours dépendre de Bombardier et de Pratt & Whitney. Il faut développer des marchés à l'extérieur."

Héroux-Devtek, fabricant de trains d'atterrissage et de structures aéronautiques de Longueuil, est un important fournisseur de Bombardier, mais il compte également parmi ses clients Boeing et Lockheed Martin.

La directrice générale de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), Sue Dabrowski, croit de son côté que les PME devront se regrouper pour survivre et qu'elles devront viser les secteurs de plus haute technologie. Les simples ateliers d'usinage général ne suffiront peut-être pas.

La directrice des relations publiques de CMC Electronique, Janka Dvornik, considère que les entreprises québécoises sont bien placées pour prendre la voie de la croissance, avantagées par la main-d'oeuvre québécoise, les infrastructures en place et les réseaux qu'elles ont su tisser.

Il faudra cependant un peu plus pour faire face à la concurrence et à la mondialisation.

"Ça prend une partenariat entre l'industrie, les gouvernements et les universités, affirme-t-elle. Il faut plusieurs piliers pour faire en sorte que l'industrie continue de croître."

La vice-présidente aux communications du fabricant de simulateurs de vol CAE, Nathalie Bourque, insiste également sur le rôle des gouvernements.

"L'avenir de notre industrie dépend d'une réalisation de la part de nos gouvernement de l'importance du secteur aéronautique au Québec", énonce-t-elle.

Comme CMC et Héroux-Devtek, CAE tire une importante partie de ses revenus du secteur de la défense. Ces entreprises fondent beaucoup d'espoirs sur les retombées industrielles du programme d'achats militaires annoncé ce printemps par le gouvernement Harper.

"Le gouvernement fédéral donne des contrats pour la première fois en 30 ans, souligne-t-elle. Il faut qu'il y ait des contrats qui aillent à des compagnies canadiennes. Grâce à cela, notre industrie va continuer à progresser."