Après 25 ans dans le monde du placement, Guylaine Raby le savait intuitivement: les entreprises qui font une place aux femmes ont une meilleure performance financière.

Après 25 ans dans le monde du placement, Guylaine Raby le savait intuitivement: les entreprises qui font une place aux femmes ont une meilleure performance financière.

Mais une étude publiée par HEC Montréal l'an dernier le lui a prouvé scientifiquement: dans certaines situations, les sociétés où la gent féminine est bien représentée, ont généré des rendements supérieurs à la normale, de l'ordre de 6% sur trois ans (2001 à 2004).

«Ce n'est pas rien!», dit Mme Raby, vice-présidente chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD) et gestionnaire de trois nouveaux portefeuilles PDG.

Ces portefeuilles ont été mis au point avec l'aide de la Chaire de gouvernance et de juricomptabilité de HEC Montréal.

Ils visent justement à maximiser le rendement des investisseurs, en ciblant des sociétés qui ont une saine gouvernance et qui comptent des femmes à des postes clé.

«Les femmes ont une approche, des connaissances et une créativité différentes», dit Mme Raby. Cette diversité de points de vue améliore la qualité de la gouvernance des entreprises et, par le fait même, leur rendement à la Bourse.

Les portefeuilles PDG font passer trois tests aux grandes sociétés canadiennes de l'indice S&P/TSX composé. Le test financier d'abord: les titres doivent être recommandés par l'équipe de 17 analystes de VMD et par son stratège quantitatif Peter Gibson.

À partir de ce premier tri, on retire les sociétés qui n'ont pas une seule femme à leur conseil ou à la haute direction. Une seule, ce n'est pas beaucoup, dites-vous? Mais déjà cela retranche presque la moitié des titres de l'indice!

En plaçant la barre plus haute (deux ou trois femmes, par exemple), on aurait éliminé pratiquement toutes les entreprises dans des certains secteurs, comme celui des matériaux (l'un des plus important à la Bourse canadienne).

On applique finalement une série de critères de sélection qui témoignent de la saine gouvernance.

Par exemple, le conseil d'administration doit être suffisamment indépendant (pas seulement composé d'employés); le président du conseil ne doit pas être aussi le président de la société; les membres du conseil doivent assister aux réunions de manière assidue; la rémunération des dirigeants doit être clairement divulguée

Au bout du compte, on obtient une sélection de 17 titres, plutôt orientée vers le secteur des matériaux, des services financiers et des télécommunications, en ce moment.

Les portefeuilles PDG se déclinent en trois versions (Conservateur, Modéré, Croissance) selon le profil d'investisseur. Pour les versions plus prudentes, le choix des actions reste le même. Mais on insère une portion d'obligations.

Nuance importante: il ne s'agit pas de fonds communs de placement, mais plutôt de portefeuilles modèles. Ainsi, l'investisseur détient chacun des titres dans son compte et il paie des frais de gestion, qui sont déductibles d'impôt pour les comptes non-enregistrés. Les frais oscillent entre 1,65% et 1,95% par année.

Les femmes n'aiment pas les finances

Cette semaine, un sondage réalisé par TD Waterhouse est venu confirmer une autre intuition, celle que les femmes s'intéressent peu à leurs finances.

Elles se fient sur leur conjoint et se retrouvent dépourvues lors d'un divorce ou d'un décès.

Près des deux tiers des répondantes ont commencé à suivre leurs finances à la suite d'un divorce.

De nombreuses femmes ont aussi été forcées de se pencher sur leurs affaires, en raison de la maladie ou du décès de leur mari.En matière de finances, la majorité des femmes n'ont pas de plan B. Qu'arrive-t-il en cas de divorce? Qu'arrive-t-il si elles se retrouvent veuves?

Elles préfèrent ne pas y songer. Bien sûr, ce sont là de tristes considérations.

Mais quatre mariages sur 10 se terminent avant 30 ans. Et les femmes ont une espérance de vie cinq ans plus longue que celle des hommes.

Il est donc très probable qu'elles devront prendre leurs finances en main, un jour ou l'autre.

Autant apprivoiser le monde du placement graduellement, plutôt qu'au lendemain d'un choc.

Des idées pour commencer? Le livre Mesdames, Prenez vos affaires en main! , de Lison Chèvrefils ou encore la rubrique Planfier sa retraite au féminin, sur le site web de la Régie des rentes du Québec (www.rrq.gouv.qc.ca).