Même si des activités du groupe Norbourg étaient sous restriction hors du Québec et que des enquêtes avaient lieu en 2005, Jean Hébert se souvient de peu de choses.

Même si des activités du groupe Norbourg étaient sous restriction hors du Québec et que des enquêtes avaient lieu en 2005, Jean Hébert se souvient de peu de choses.

Contre-interrogé par son ancien patron Vincent Lacroix lors du procès pénal de ce dernier au palais de justice de Montréal vendredi matin, M. Hébert fournissait bien peu de réponses.

L'ancien vice-président à la Conformité et ensuite aux Finances de Norbourg, qui a livré en début de semaine un récit accablant sur les irrégularités au sein de l'entreprise, a répété les oublis et possiblement affaibli sa crédibilité. Il se souvenait peu d'échanges critiques au moment même où ça ne tournait pas rond au travail.

Par exemple, la Mutual Fund Dealers Association du Canada s'inquiétait au printemps 2005 à l'effet que l'argent des investisseurs qui se trouvait dans un compte chez Gestion de patrimoine Tandem puisse servir à autre chose que transiger en leur nom. La MFDA voyait des débalancements et a réagi.

Pourtant, Jean Hébert ne se souvient pas d'avoir vu certaines lettres, exhibées par Vincent Lacroix, à l'effet que Tandem faisait l'objet de restrictions pour ses activités au Nouveau-Brunswick. Le comptable affirmait que l'Autorité des marchés financiers n'imposait pas ces restrictions, mais vérification faite, l'AMF imposait elle-même des restrictions dans ce dossier dès le mois de mai.

Qu'en est-il de la connaissance par M. Hébert de ses anciens collègues, lui qui a travaillé à l'Autorité des marchés financiers de 1998 à 2004 avant de passer chez Norbourg ?

Il a dit ne pas avoir su qu'il commettait une erreur de stratégie, en juillet 2005, en envoyant des documents à l'avocat Yan Paquette, de l'AMF, alors que ce dernier enquêtait sur Norbourg. M. Hébert dit ne pas se souvenir d'échanges verbaux que Vincent Lacroix a qualifié de «chauds» suite à un envoi.

Même chose pour le travail qui aurait été effectué à l'interne chez Norbourg alors que le groupe aurait été aux prises avec de multiples problèmes au sein des fonds Evolution. Même s'il occupait le poste de chef des finances, M. Hébert affirme ne plus se souvenir des échanges à l'interne.

Ce sont peut-être les oublis de Jean Hébert qui ont motivé M. Lacroix à demander à son ancien collaborateur la question suivante: «êtes-vous une personne ordonnée au travail ?». La réponse de M. Hébert a été «ça dépend».

Chez Parée, «le troisième bureau» de Lacroix

D'autres réponses de Jean Hébert lors de son contre-interrogatoire ont davantage provoqué l'hilarité dans la salle d'audiences.

Par exemple, les différents emplacements où Vincent Lacroix brassait des affaires étaient «numérotés». Le 615 René-Lévesque à Montréal était le premier bureau de Vincent Lacroix. Le restaurant Grand Café était le deuxième bureau et le troisième bureau était... le bar de danseuses Chez Parée.

Aussi, Vincent Lacroix a tenu à revenir sur sa gestion, que M. Hébert a qualifiée de «contrôlante» chez Norbourg. Selon le témoin, une anecdote circulait entre les employés sur la mainmise du PDG quant à la prise de décisions. «C'est tout juste s'il ne choisissait pas la couleur du papier de toilettes», raconte M. Hébert.