Alcan a entamé des discussions préliminaires avec le géant australien BHP Billiton pour contrer l'offre d'achat non sollicitée de l'américain Alcoa, selon ce que rapporte le Globe and Mail mercredi matin.

Alcan a entamé des discussions préliminaires avec le géant australien BHP Billiton pour contrer l'offre d'achat non sollicitée de l'américain Alcoa, selon ce que rapporte le Globe and Mail mercredi matin.

Le fabricant québécois d'aluminium a fait savoir mardi qu'il rejetait l'offre d'achat hostile de 33 G$ US lancée contre lui au début mai par l'américain Alcoa, la jugeant contraire à l'intérêt de ses actionnaires, tout en laissant entendre qu'une autre transaction pourrait l'intéresser.

À l'unanimité, le conseil d'administration recommande aux investisseurs de ne pas déposer leurs actions face à l'offre d'Alcoa.

Selon le président du conseil, Yves Fortier, l'offre «ne reflète pas adéquatement la valeur des actifs, des compétences stratégiques et des perspectives de croissance extrêmement intéressants d'Alcan, elle ne prévoit pas une prime suffisante pour le contrôle d'Alcan, et elle est fortement conditionnelle et incertaine».

Il ajoute que les stratégies et réalisations des deux entreprises sont «fondamentalement différentes».

«Compte tenu de l'évolution rapide de l'industrie, nous évaluons

continuellement toutes les options possibles dans une optique de création de valeur pour les actionnaires», mentionne toutefois M. Fortier.

Le PDG, Dick Evans, soutient pour sa part que de nombreuses voies s'offrent à Alcan pour faire monter son titre.

Il fait notamment valoir les actifs et technologies «de premier plan» de la compagnie à l'échelle mondiale, sa performance d'exploitation et un «éventail exceptionnel de possibilités de croissance».

Plus précisément, Alcan soutient que l'offre ne reflète ni la valeur de son titre ni celle des synergies qu'Alcoa prévoit tirer d'une éventuelle fusion.

La proposition équivaut à 73,25 $ US l'action, alors qu'Alcan a clôturé à 61,03 $ US à New York le 4 mai, soit la dernière journée de transactions avant l'offre. L'action a terminé la journée de mardi à 81,03 $ US, et gagnait 2,3 % lors des transactions post-séance à Wall Street.

Alcan estime aussi que l'échéancier et l'issue de l'offre d'Alcoa sont très incertains.

Les autorités canadiennes et étrangères de la concurrence devraient donner leur aval à une éventuelle fusion, qui ferait de la nouvelle entité le producteur de 20 % de l'aluminium de la planète.

Elles n'ont pas l'habitude de badiner avec le secteur de l'aluminium: quand Alcan a acheté Pechiney en 2003, il a fallu près de 200 jours pour conclure la transaction.

Mais selon le Globe and Mail, Alcoa discute déjà avec le Bureau canadien de la concurrence et se montre prêt à vendre certains actifs.

Au moment de déposer son offre hostile, le 7 mai, Alcoa a indiqué qu'elle tenait des pourparlers sporadiques avec Alcan depuis deux ans et que l'entreprise québécoise y avait mis fin en décembre.

Mardi, en rejetant l'offre hostile, Alcan a expliqué qu'elle n'avait jamais reçu de proposition véritablement intéressante durant cette phase de discussions.

«La performance supérieure d'Alcan, tant sur le plan de l'exploitation que du cours de ses actions pendant cette période, prouve la justesse du processus rigoureux que nous avons suivi», soutient Dick Evans.

Le marché boursier spécule par ailleurs depuis plusieurs jours sur l'arrivée d'autres joueurs dans la bataille pour le contrôle d'Alcan.

Le géant australien de l'aluminium BHP Billiton, qui a approché l'entreprise québécoise l'an dernier, pourrait profiter de l'occasion pour revenir à la charge.