Dire qu'en 2000, on se demandait encore si le cybercommerce n'allait pas tuer le bon vieux centre commercial. Non seulement il n'est pas mort, mais il se porte très bien, merci.

Dire qu'en 2000, on se demandait encore si le cybercommerce n'allait pas tuer le bon vieux centre commercial. Non seulement il n'est pas mort, mais il se porte très bien, merci.

Depuis le tournant du siècle, les projets de développement se sont succédés à un rythme effréné dans la région de Montréal. «Pour agrandir encore davantage, il faudrait être créatif», lance Guy Charron, vice-président exécutif et chef de l'exploitation du FPI Alexis Nihon. Il parle du Centre Laval, mais sa boutade pourrait s'appliquer à l'ensemble du marché.

En 2006, le marché Central, le Carrefour Angrignon, le Centropolis et le Centre Laval ont tous pris de l'expansion. Sur l'ancien site de l'usine GM, le Faubourg Boisbriand a commencé à sortir de terre. À Brossard, le Quartier Dix30, un projet de 500 millions de dollars (voir autre texte), prépare une quatrième phase. Bref, l'offre explose.

Y a-t-il trop de centres commerciaux? «On observe actuellement une sorte de frénésie qui pourrait être refroidie si l'économie se mettait à toussoter ou si les taux d'intérêt montaient», note Jean Laramée, vice-président principal, Région de l'Est, chez Ivanhoé Cambridge. Mais on n'en est pas là. «En ce moment, il y a de la place pour tout le monde», affirme-t-il.

La montée des mégacentres extérieurs, ou power centres, ne dérange pas Ivanhoé Cambridge, une filiale de la Caisse de dépôt concentrée dans les centres classiques tels Rockland et le Mail Champlain de Brossard. «Notre créneau, c'est la mode. Les Zara et les H&M de ce monde ne sont pas intéressés à s'installer dans les mégacentres axés sur l'électronique et les outlets», explique M. Laramée.

Les habitudes de la clientèle n'y sont effectivement pas les mêmes. «Les gens vont dans les mégacentres pour faire un ou deux achats précis. Dans les centres classiques, ils vont plutôt sillonner les allées d'un bout à l'autre, ce qui favorise les achats impulsifs -- les meilleures ventes du point de vue des détaillants», souligne le vice-président.

Le Fonds de placement immobilier (FPI) Alexis Nihon possède entre autres le Centre Laval, qui a pris avec succès le virage mégacentre depuis quelques années. Quand le FPI l'a racheté à la fin des années 1990, le Centre Laval agonisait. «Les commerçants renouvelaient leurs baux de mois en mois», se rappelle Guy Charron, vice-président exécutif et chef de l'exploitation.

Aujourd'hui, grâce à un redéveloppement axé sur l'implantation de nombreux big boxes tels que Brick (le premier au Québec) et Best Buy, le Centre Laval a repris sa place et «est parfaitement complémentaire» avec ses voisins, le Centropolis et le Carrefour Laval, selon M. Charron.

La multiplication des centres commerciaux en tout genre n'effraie nullement ce vétéran de l'immobilier. Dans le commerce de détail, «la dynamique de développement est complètement différente de celle des immeubles à bureaux», indique-t-il. À Laval du moins, l'expansion démographique soutient tout à fait le marché actuel.

Sur la Rive-Sud, au moins un promoteur rivalise d'optimisme. Jean-François Breton, co-président de Devimco, évoque lui aussi la «croissance naturelle de la population», qui évite au Quartier Dix30 de nuire au mail Champlain et vice-versa. Même que, dit-il, il y aurait «sûrement de la place pour un nouveau power centre à l'Ouest de la Rive-Sud». Un projet qui ne figure toutefois pas à l'agenda de Devimco.

Le Québec roi des immenses surfaces

C'est au Québec qu'on trouve la plus forte proportion de centres commerciaux de 750 000 pieds carrés ou plus. En effet, 4,5 % de nos centres commerciaux appartiennent à cette catégorie, alors que ce pourcentage s'établit à 2,8 % au Canada (2,6 % en Ontario).

Ainsi, le centre commercial québécois offre en moyenne 202 378 pieds carrés d'espace locatif brut, soit presque 10 % plus que la moyenne canadienne.

Source : données 2005 de l'International Council of Shopping Centers; centres commerciaux comptant un minimum de 40 000 pieds carrés.