Vincent Lacroix a peut-être siphonné les fonds Norbourg et les Fonds Evolution, mais il affirme que quelqu'un, quelque part, était déjà passé avant lui quand Norbourg a mis les mains sur les 21 fonds Evolution en janvier 2004.

Vincent Lacroix a peut-être siphonné les fonds Norbourg et les Fonds Evolution, mais il affirme que quelqu'un, quelque part, était déjà passé avant lui quand Norbourg a mis les mains sur les 21 fonds Evolution en janvier 2004.

C'est ce qu'allègue M. Lacroix dans un document qu'il a déposé en cour le 7 février et dans lequel il montre du doigt plusieurs personnes et organismes qu'il accuse d'irrégularités ou négligences, à l'époque où lui-même déjouait les mécanismes de défense du système financier et roulait présumément les investisseurs des fonds Norbourg.

Sans expliquer qui l'aurait roulé ni comment, M. Lacroix rappelle dans son document que Norbourg a acheté les Fonds Evolution de Capital Teraxis le Or, «au 31 décembre 2003 et au 1er avril 2004, des sommes importantes étaient manquantes à l'intérieur des Fonds Evolution» et ce, sans que le nouvel acquéreur eut été informé, allègue M. Lacroix.

M. Lacroix a déposé la semaine dernière en Cour supérieure un «appel en garantie» contre une cohorte de personnes et firmes, notamment, son ancien bras droit, Éric Asselin, ses anciens partenaires d'affaires Claude Boisvenue et Michel Fragasso, ainsi que contre la Caisse de dépôt et placement du Québec (qui était actionnaire à 80% de Teraxis), le Trust Banque Nationale, la firme comptable KPMG et une firme de traitement des données financières, Felcom, de Québec.

Le Trust Banque Nationale était le gardien de valeur des Fonds Evolution. KPMG en était le vérificateur. Felcom était la firme chargée d'exécuter les transactions ordonnées par les gestionnaires des Fonds Evolution.

M. Lacroix reproche à ces trois firmes d'avoir effectué ou laissé passer des «transactions irrégulières» dans les Fonds Evolution, dont il se dit victime.

Un appel en garantie est un recours exercé lorsqu'une personne qui est assignée en justice estime qu'une autre personne doit lui être substituée dans les condamnations qui pourraient éventuellement être prononcées contre elle. Ceux de M. Lacroix font partie de la réponse de M. Lacroix au recours collectif de 130 millions intenté contre lui (et d'autres) par des investisseurs des fonds Norbourg et Evolution.

Mario Picard, de Felcom, a ri au téléphone en entendant les allégations de M. Lacroix: «Non, nous n'avons pas fait de transactions irrégulières. Avec tout ce qui entoure M. Lacroix, qu'y a-t-il à ajouter? Il n'a aucune crédibilité.»

Dans le cas de M. Lacroix, l'appel en garantie lui permet de se positionner pour, un jour, tenter de refiler une partie de la facture à des tiers s'il est condamné à payer des dommages au terme du recours collectif.

À la Caisse de dépôt -tout comme chez Felcom-, on a noté que le recours de M. Lacroix n'a même pas été signifié. La Caisse et la Banque Nationale se sont abstenus de commenter.

L'appel en garantie, peu importe ses chances de succès, est surtout intéressant parce qu'il donne un aperçu de la défense qu'invoquera M. Lacroix en réponse au recours collectif.

M. Lacroix reproche aussi à Claude Boisvenue, l'ancien président de firmes également achetées par Norbourg en août 2004, d'avoir «créé des comptes fictifs lui permettant de démontrer des actifs sous gestion et des rendements plus élevés que la réalité».

M. Boisvenue n'a pu être joint.

M. Lacroix en profite aussi pour décrire Éric Asselin, son ancien vice-président (et un ancien enquêteur de la Commission des valeurs mobilières), comme «l'âme dirigeante» de Norbourg et son «stratège» quand la firme a fait l'objet d'une inspection, en 2002, puis d'une enquête formelle, en 2004, par le chien de garde québécois des marchés financiers.