Pas facile de s'y retrouver lorsque vient le temps de construire des abris pour les fumeurs

Pas facile de s'y retrouver lorsque vient le temps de construire des abris pour les fumeurs

Trois-Rivières - En octobre dernier, le propriétaire du Coconut Bar, Sylvain Carle, était sur le point d'investir 6000 $ dans un abri extérieur permanent pour accommoder sa clientèle de fumeurs. Aujourd'hui, ses clients doivent se contenter d'un abri "Tempo" installé à côté de l'entrée du motel.

C'est qu'un règlement municipal empêche M. Carle de construire son installation. En se voyant refuser sa demande de permis de construction, il a dû se rendre à l'évidence que son abri ne verrait pas le jour... du moins pas cette année.

«Il doit y avoir une certaine distance réglementaire entre la façade de mon commerce et la rue. On m'a dit que si je construisais l'abri, ce serait considéré comme une façade et que la distance avec la rue ne serait plus réglementaire», indique-t-il.

Le problème, c'est que le règlement sur la loi antitabac, imposé par Québec, a des répercussions directes sur la Ville qui émet les permis de construction. Qu'est-ce qui est autorisé? Qu'est-ce qui ne l'est pas? À la Ville, on indique clairement être en année transitoire présentement.

Un comité de travail a d'ailleurs été formé pour décider comment bien appliquer le nouveau règlement en accord avec les normes déjà établies au niveau de l'émission des permis de construction.

En attendant, à l'instar du Coconut Bar, les abris "Tempo" poussent aux quatre coins de la ville pour accommoder les fumeurs. Une installation pas toujours esthétique et pas tellement populaire, selon certains.

Au Rétro-Bar, sur le boulevard des Forges, il semble que les clients ne se servent même pas de l'abri installé par le propriétaire, Dick Lambert.

«Ils ont l'hiver de leur bord, ce n'est pas comme s'il faisait vraiment froid», indique-t-il. Mais selon M. Lambert, l'idée de l'abri «Tempo» ne sera pas répétée l'an prochain.

«J'aimerais bien construire quelque chose de plus solide et de plus beau pour mes clients, mais je vais attendre de voir ce que le ministère nous permettra de faire. Il n'y a absolument rien de garanti l'an prochain, car plusieurs villes ont commencé à se plaindre de voir des abris s'improviser près des bars», ajoute-t-il, en se questionnant tout de même sur la pertinence d'investir des milliers de dollars dans un abri pour l'hiver.

Car si l'abri cache du vent et du froid les fumeurs, il n'a que ça d'attirant.

En effet, selon le règlement du ministère de la Santé et des Services sociaux, on ne peut y installer ni musique, ni écran visuel, ni loisirs, ni même y consommer des boissons alcoolisées. De plus, l'abri ne doit pas communiquer, directement ou indirectement, avec le lieu réglementé par la loi antitabac.

«Les clients laissent leur bière à l'intérieur et sortent deux minutes pour fumer. L'abri n'est pas tellement utilisé dans ce cas», explique Dick Lambert.

Au Coconut Bar, cette réalité a nécessité une vigilance supplémentaire de la part des employés. «On a mis du monde pour surveiller toutes les portes, car les clients qui sortent fumer ne peuvent pas sortir avec leur verre d'alcool», indique-t-il.

À Trois-Rivières, il ne semble pas que l'apparition de quelques abris «Tempo» ait causé un dérangement, a indiqué au Nouvelliste le maire Yves Lévesque.

«Ce n'est pas comme si on avait un fléau. Nous n'avons pas eu de plainte. De notre côté, nous nous assurons que ces abris sont réglementaire», a-t-il indiqué.