Si les familles cotisent de plus en plus à des régimes de retraite, les inégalités se sont accrues entre les plus et moins nantis au pays.

Si les familles cotisent de plus en plus à des régimes de retraite, les inégalités se sont accrues entre les plus et moins nantis au pays.

C'est ce que relève une étude de Statistique Canada sur les données de 1986 à 2003 en matière de pensions et d'épargne-retraite. Pour la première fois, l'agence fédérale a évalué le degré de préparation financière des Canadiens à la retraite par rapport à ce qu'il était avant. Le portrait d'ensemble est encourageant, mais soulève quelques inquiétudes.

Les familles à deux parents dont le conjoint masculin est âgé de 35 à 54 ans ont versé en moyenne 5300 $ par année à un REER ou à un régime de pension agréé (RPA) en 2003. Il s'agit d'une augmentation de 36 % par rapport à 1986, une hausse causée notamment par les versements accrus des hommes.

Les familles de la même tranche d'âge dont les gains se classaient dans les 20 % supérieurs ont fait bondir leurs contributions annuelles de 41 %, à 11 300 $, à la même période. Ce niveau de contribution ne signifie pas, toutefois, que les retraités auront un revenu de remplacement équivalant à 70 % ou 75 % du revenu lors de leur vie active.

Les mauvaises nouvelles se trouvent au bas de l'échelle. Les cotisations des familles dont les revenus sont dans les 20 % inférieurs stagnaient à 1200 $ en moyenne par année. Si l'on tient compte de l'inflation, les cotisations sont d'une valeur moindre qu'il y a 17 ans.

Statistique Canada constate que le phénomène d'inégalité croissante touche autant les familles à deux parents que les familles monoparentales et les personnes seules. Une explication derrière leur situation peut se trouver du côté du revenu, dont la répartition et la progression s'avèrent toutes aussi inégales.

Les familles biparentales dans le haut de l'échelle dont le conjoint est âgé de 35 à 54 ans ont vu leurs revenus annuels monter de 38 %, à une moyenne de 170 000 $ de 1986 à 2003. Par contre, celles dans les 20 % inférieurs ont connu une stagnation, gagnant 25 000 $ par année tout au long de la période.

Maurice Marchon, professeur titulaire à HEC Montréal, voit dans les données la confirmation de ce qui était déjà connu. " Il n'y a aucune surprise dans cette étude. Aujourd'hui, ceux qui sont dans le bas de l'échelle gagnent juste assez d'argent pour survivre. Dans cette situation, tu ne t'inquiètes pas de ce que tu vas manger dans 25 ans, tu veux seulement vivre. C'est normal. "

Autre constat de Statistique Canada: prolonger ses études rapporte.

" Ça fait longtemps que l'on dit aux jeunes que pour assurer leur avenir, il faut qu'ils poursuivent leurs études, dit M. Marchon. Dans les pays industrialisés, l'avenir se trouve dans l'innovation et dans les produits à haute valeur ajoutée. Aujourd'hui, les gens qui n'ont pas d'éducation sont au bas de l'échelle et ils vont y rester. Croire le contraire serait rêver en couleur. "

Les femmes cotisent plus qu'avant Par ailleurs, Statistique Canada constate que la place grandissante des femmes sur le marché du travail se fait sentir dans les cotisations aux régimes de pension agréés. De 1986 à 2003, les conjoints âgés de 35 à 54 ans ont été 9 % moins nombreux à cotiser à un RPA, leur proportion reculant à 34 %. Chez les conjointes, le pourcentage a monté de 9 % pour s'établir à 29 % en 2003. En conséquence, le nombre de familles biparentales dont les deux conjoints faisaient des contributions à un RPA a monté de 3 %.

Selon M. Marchon, l'ajout à l'étude de données sur la richesse engendrée par l'immobilier donnerait un portrait d'ensemble plus complet.

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