Andrew Fastow, l'ancien directeur financier d'Enron qui avait créé des partenariats illicites au coeur de la fraude qui a détruit l'entreprise, a été condamné hier à une peine d'emprisonnement de six ans, son appel à la clémence lancé à la dernière minute ayant été entendu.

Andrew Fastow, l'ancien directeur financier d'Enron qui avait créé des partenariats illicites au coeur de la fraude qui a détruit l'entreprise, a été condamné hier à une peine d'emprisonnement de six ans, son appel à la clémence lancé à la dernière minute ayant été entendu.

Ainsi, le juge Kenneth Hoyt a imposé une peine plus légère que les 10 ans de prison que M. Fastow avait consenti à purger lorsqu'il a plaidé coupable en janvier 2004. Il avait plaidé coupable à des chefs distincts de complot pour commettre une contravention à l'infra- structure de télécommunication et de fraude touchant le commerce de valeurs mobilières, chaque chef entraînant une peine maximale de cinq ans.

M. Fastow, 44 ans, aura aussi deux années de probation à purger une fois sorti de prison. La cour lui interdit d'être dirigeant ou administrateur d'une compagnie publique. Après que le juge Hoyt eut quitté la salle du tribunal de Houston, M. Fastow a pu étreindre sa femme et puis, il a dû remettre sa ceinture et sa cravate avant de quitter la salle, menottes aux poings.

" On vous a décrit comme l'instigateur, le provocateur, mais mon enquête a démontré que si vous vous êtes enivré de cupidité, vous n'avez pas été le seul à détruire Enron, a dit le juge Hoyt. Le châtiment s'impose, mais pas la persécution. "

Le juge Hoyt a fait observer que la femme de M. Fastow, Lea, avait passé un an en prison pour avoir rempli une déclaration de revenus en omettant de déclarer les revenus que la famille avait reçus de certains des partenariats de son mari chez Enron.

" Votre famille a subi un coup particulièrement dur, a dit le juge Hoyt. Vous en avez eu une double ration et votre femme l'a partagée. Cela appelle la clémence. "

" J'ai honte de ce que j'ai fait ", a pour sa part déclaré M. Fastow au juge Hoyt avant le prononcé de la sentence, sa déclaration entrecoupée de pleurs. " J'aimerais défaire ce que j'ai fait chez Enron, mais je ne le peux pas. Je comprends que je mérite d'être puni. Votre Honneur, j'accepte la peine d'emprisonnement que vous allez m'imposer et je la purgerai sans amertume. "

La sentence de M. Fastow est intervenue après qu'il eut fourni aux investisseurs une déclaration datée de ce lundi et impliquant d'anciennes banques d'Enron dans la fraude qu'il a orchestrée. Les investisseurs poursuivent Merrill Lynch & Co., Credit Suisse Group et d'autres banques pour récupérer 30 milliards US en pertes boursières causées par la fraude.

La coopération de M. Fastow avec les avocats des actionnaires, qui a commencé il y a trois semaines, a peut-être influencé le juge Hoyt dans sa clémence. Le juge a loué les efforts de M. Fastow " pour redresser la situation non seulement au criminel, mais aussi au civil. "

Si le Federal Bureau of Prisons permet à M. Fastow de participer à un programme de traitement pour toxicomanie de 500 heures, il pourrait être admissible à une réduction d'un an de sa peine d'emprisonnement. Le juge a recommandé qu'il soit incarcéré dans la prison fédérale de Bastrop, au Texas.

M. Fastow a été le principal témoin au procès de Kenneth Lay, l'ancien président du conseil d'administration d'Enron, et de Jeffrey Skilling, l'ancien PDG de la compagnie. M. Skilling, 52 ans, et M. Lay, décédé en juillet dernier à l'âge de 64 ans, ont été reconnus coupables en mai d'avoir trompé les employés et les investisseurs à propos de la situation financière d'Enron.

Enron, qui fut pendant un temps la première firme mondiale de transactions dans le secteur de l'énergie, présentait une capitalisation boursière de plus de 68 milliards US avant que sa mise en faillite en décembre 2001 ne fasse disparaître presque du jour au lendemain des milliers d'emplois et au moins 1 milliard US en fonds de retraite.

M. Skilling doit recevoir sa sentence le mois prochain et il a manifesté son intention de faire appel.

M. Fastow s'est vu confisquer 23,8 millions US au comptant et en propriétés pour son rôle dans la fraude chez Enron. Il a deux fils âgés de 8 et 11 ans.

© 2006 La Presse. Tous droits réservés.