Après 16 années consécutives de croissance économique, il y a lieu de se demander si la fête est terminée.

Après 16 années consécutives de croissance économique, il y a lieu de se demander si la fête est terminée.

Loin de là, selon le ministre des Finances, Jim Flaherty. Depuis sa mise au point économique du 30 octobre, le ministre parle d'ailleurs de l'économie comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

«Comme l'étoile Polaire, nous sommes une lumière brillante que les autres doivent suivre», avait déclaré M. Flaherty lors de son bilan automnal.

Les chiffres sont effectivement impressionnants. Il s'agit de la deuxième plus longue période de croissance de l'histoire canadienne après celle de 1958 à 1980. Le taux de chômage est à son niveau le plus bas en 33 ans, les salaires augmentent deux fois plus rapidement que l'inflation, les surplus fédéraux s'accumulent, la dette diminue et l'inflation est stable et faible.

En plus, le dollar canadien continue de défier la gravité avec une progression de 29% par rapport à son cousin américain. Déjà en croissance depuis 2002, le huard s'est envolé, partant d'un peu plus de 85 ¢ US au début de l'année pour atteindre un sommet historique à 110 ¢ US le 7 novembre.

Même s'il a reculé un peu depuis, plusieurs économistes estiment que le huard continuera de planer près de la parité pour quelque temps. L'analyste de la monnaie américaine Dennis Gartman prédit même que le dollar canadien atteindra de nouveau le plateau des 110 ¢ US avant la fin de 2008.

Toutefois, même le ministre Flaherty concède que des nuages plus gris se rassemblent dans le ciel canadien.

Peu d'économistes vont jusqu'à parler de récession au Canada - deux trimestres consécutifs de croissance négative -, mais 2008 devrait être l'année s'en rapprochant le plus depuis 2001.

«Je m'inquiète du marché de l'immobilier aux États-Unis et de son impact sur la confiance des consommateurs, a admis M. Flaherty. Nous devons nous attendre à une baisse de la demande américaine, ce qui nuira à nos exportations, particulièrement dans les secteurs de l'automobile et de la foresterie.»

Le ministre a ajouté que, même si les banques canadiennes ont de bonnes réserves de capitaux, les effets de la crise du papier commercial devraient tout de même se faire sentir au pays. Une entente de principe pour régler les dettes à court terme survenue au mois de décembre devrait toutefois aider à limiter les dommages.

M. Flaherty et le gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, refusent de parler de récession comme si le simple fait de prononcer le mot pouvait en provoquer une.

Le plus loin que la Banque du Canada a été, c'est en estimant pour le dernier trimestre de 2007 la progression du produit intérieur brut à 1,8%, suivi d'une autre hausse anémique de 2,1% pour les trois premiers mois de 2008.

Toutefois, le 4 décembre, elle a cité des risques de perte pour réduire son taux d'intérêt d'un quart de point. Cette décision n'a pas été interprétée comme un geste de panique - une baisse d'un demi-point l'aurait été -, mais elle a été suffisante pour susciter des questions chez certains économistes après une croissance au troisième trimestre légèrement supérieure aux prévisions.