Bombardier (T.BBD.B) n'a qu'à bien se tenir si elle lance la CSeries, sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. Airbus et Boeing n'ont pas l'intention de se laisser marcher sur les pieds.

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] n'a qu'à bien se tenir si elle lance la CSeries, sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. Airbus et Boeing n'ont pas l'intention de se laisser marcher sur les pieds.

«Ça va chauffer, a promis Philippe Jarry, directeur du marketing des avions futurs d'Airbus. Ils vont arriver dans un marché où il y a déjà Airbus et Boeing.»

M. Jarry a passé quelques jours à Montréal dans le cadre de la visite de l'Airbus A380 dans la métropole québécoise. Il a rencontré quelques journalistes tard jeudi soir à l'aéroport Montréal-Trudeau, quelques minutes avant le décollage du géant des airs.

Il a fait remarquer que, jusqu'ici, ni Bombardier ni Embraer ne s'étaient aventurés sur le marché traditionnel d'Airbus et Boeing. Cela changera si Bombardier décide de lancer sa CSeries.

«Cette fois-ci, ils franchiront le Rubicon.»

Les dirigeants de Bombardier ont souvent expliqué que la CSeries fera sa place parce qu'il s'agira d'un appareil conçu spécifiquement pour le marché des avions de 110 à 130 places.

Les plus petits appareils d'Airbus et de Boeing, le A318 et le Boeing 737-600, sont des versions raccourcies d'appareils plus gros. Ils ne sont donc pas parfaitement efficaces parce qu'ils peuvent avoir des moteurs trop puissants ou des composants trop lourds pour cette taille.

M. Jarry a cependant rappelé que ces appareils avaient un autre avantage: ils ont des points communs avec les autres membres de leur famille, comme le populaire A320 d'Airbus.

Ce simple facteur peut rendre un A318 beaucoup plus attrayant qu'un appareil de la CSeries, même si celui-ci devait être plus performant.

Le directeur général d'Air France pour les Amériques, Christian Herzog, a ainsi fait valoir que sa société trouvait beaucoup d'avantages à n'avoir que des appareils Airbus dans sa flotte d'avions de moyenne portée.

«Toute cette famille nous offre une polyvalence totale pour les pilotes et une grande efficacité au niveau de la maintenance», a-t-il déclaré aux journalistes à l'aéroport Montréal-Trudeau jeudi soir.

M. Jarry a affirmé que la CSeries de Bombardier n'affrontera pas seulement l'A318 et le Boeing 737-600, de petits appareils qui ne connaissent pas une grande popularité.

La plus grande version de la CSeries, avec 130 places, affrontera l'A319 et le Boeing 737-700, «deux appareils excellemment placés sur le marché».

Il a indiqué que la CSeries constituera une nouvelle compétition pour Airbus et Boeing, mais que pour sa part, cela ne l'empêchera pas de dormir.

«Si j'étais victime d'insomnie, c'est Boeing qui m'empêcherait de dormir parce que ses produits sont là où je suis, a-t-il déclaré. Et même si Boeing me cause beaucoup de soucis, elle ne m'empêche pas vraiment de dormir.»

M. Jarry a cependant voulu se montrer bon prince face à Bombardier, rappelant qu'à ses débuts, alors qu'elle était toute petite, Airbus n'avait pas eu peur d'affronter McDonnell Douglas et Boeing, «qui étaient deux monstres terrifiants».

«Je respecte les braves, les ambitieux et les professionnels, a-t-il déclaré. Si les gens de Bombardier montrent qu'ils sont braves, ce que nous pensons, qu'ils sont professionnels, et ils le sont, et qu'ils sont ambitieux, et leur projet de CSeries est techniquement et industriellement ambitieux, alors nous saluerons cette nouvelle famille. Et nous serons concurrents.»

M. Jarry a participé à la conception de l'A380 en explorant le marché et en maintenant un dialogue avec l'industrie. Il s'occupe maintenant de ce qui arrivera après l'A380 et l'A350, qu'Airbus a lancé récemment.

«Le prochain rendez-vous, celui des deux prochaines décennies, c'est le secteur des avions de moyenne portée, a-t-il déclaré. Il y a de 12 000 à 13 000 de ces appareils en service et certains commencent à vieillir. Il faudra mettre de l'ordre dans cette flotte.»

Cette catégorie comprend les populaires A320 et Boeing 737.

«Nous en vendons beaucoup, mais moi, je réfléchis aux années 2020, 2030. Ce ne sont pas des avions conçus en 1980 ou 1990 qui vont répondre aux besoins des sociétés aériennes.»

Les frais de ce voyage ont été payés par Air France et Airbus.