Le gouvernement Charest veut forcer les pétrolières à justifier au quotidien toute hausse du prix de l'essence. Furieux, les détaillants menacent de refiler aux automobilistes les coûts de ces nouvelles «tracasseries bureaucratiques».

Le gouvernement Charest veut forcer les pétrolières à justifier au quotidien toute hausse du prix de l'essence. Furieux, les détaillants menacent de refiler aux automobilistes les coûts de ces nouvelles «tracasseries bureaucratiques».

Mais le projet de loi sur «la transparence dans la vente de l'essence», déposé mardi par le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, pourrait ne pas être adopté à l'Assemblée nationale.

Le Parti québécois a déjà indiqué qu'il votera contre. L'Action démocratique du Québec compte l'étudier en caucus avant d'afficher ses couleurs.

En vertu du projet de loi, les détaillants devront informer la Régie de l'énergie de toute modification au prix à la pompe. Ils devront également donner à la Régie les raisons qui, selon eux, justifient une hausse. Cet avis devra être transmis la journée même de la hausse et sera rendu public.

«On veut que, dans chaque station d'essence, quand il y a une variation des prix, le propriétaire ou l'employé nous appelle à un numéro, comme un vote à Star Académie ou n'importe quelle téléréalité, pour nous dire en temps réel le prix de l'essence. Pourquoi on fait ça? Parce qu'on veut voir, sur du moyen ou du long terme, si ce sont souvent les mêmes entreprises, les mêmes stations qui partent les hausses de prix», a expliqué Claude Béchard.

Québec tente ainsi d'éliminer les hausses «injustifiées» du prix de l'essence au début d'une fin de semaine de trois jours, par exemple.

M. Béchard assure que «le système ne sera pas compliqué«. En contactant la Régie, les détaillants auront un choix de réponses sur les raisons pouvant justifier une hausse, comme l'augmentation du prix du pétrole brut.

Des explications écrites seront exigées seulement si les raisons invoquées ne font pas partie des choix de réponses.

Toujours selon le projet de loi, les détaillants devront afficher «dans un endroit bien en vue» sur la porte d'entrée, par exemple le prix de vente minimum estimé par la Régie de l'énergie.

Il s'agit du prix d'acquisition de l'essence payé par la station-service.

«Si le prix estimé à l'intérieur est plus haut que le prix annoncé, ça veut dire que vous faites bien de faire le plein. S'il est plus bas, vous pouvez demander pourquoi on n'est pas au prix estimé. Et après quelques semaines, je suis à peu près convaincu que tous les employés vont répondre et vont se poser des questions eux-mêmes sur les marges qui sont là», a expliqué M. Béchard.

Une pétrolière qui ne respecterait pas ces nouvelles obligations serait passible d'une amende de 2000 $ à 50 000 $.

Les pétrolières condamnent le projet de loi. «C'est une bureaucratie immense et inutile», a lancé le porte-parole de l'Institut canadien des produits pétroliers, Carol Montreuil.

«Il y a 4000 stations-service au Québec. Imaginez 4000 stations-service qui doivent informer la Régie de toute hausse et la justifier. Et parfois, les prix changent plus d'une fois durant la même journée. On parle de milliers, voire de dizaines de milliers de rapports envoyés à la Régie.»