L'exercice financier 2007 a été lucratif pour le grand patron de Bombardier (T.BBD.B), Laurent Beaudoin.

L'exercice financier 2007 a été lucratif pour le grand patron de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], Laurent Beaudoin.

En plus de sa rémunération annuelle de 1,4 M$, le président du conseil d'administration et chef de la direction de l'entreprise a reçu une jolie prime de près de 2,3 M$.

«C'est toujours la même chose, c'est la curée», soupire Yves Michaud, président du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), qui monte cette année une nouvelle charge contre les salaires de la haute direction de Bombardier.

«Laurent Beaudoin est assez riche, il n'y a pas de cadeau à lui faire, d'autant plus que la performance de la compagnie, compte tenu de la valeur de l'action, n'est pas très éblouissante», ajoute M. Michaud.

L'exercice financier 2006 avait donné lieu à une prime plus modeste pour M. Beaudoin, soit 1,4 M$. Chez Bombardier, on explique que la prime est liée à des objectifs en matière de bénéfice et de flux de trésorerie et à des objectifs stratégiques particuliers.

Or, l'action de Bombardier a repris du poil de la bête pendant l'exercice 2007, soit entre le 1er février 2006 et le 31 janvier 2007: le titre, qui s'échangeait autour de 3 $ au début de cette période, a clôturé à 4,45 $ à la fin. Il s'agit d'une progression de 50 %.

M. Michaud entend profiter de l'assemblée annuelle des actionnaires de Bombardier, le 29 mai prochain, pour présenter une proposition visant à lier la rémunération des hauts dirigeants avec les succès financiers de l'entreprises, bien sûr, mais aussi avec le salaire moyen des employés.

Dans la circulaire de Bombardier, le conseil d'administration recommande aux actionnaires de voter contre cette proposition. Il soutient que la rémunération des dirigeants se situe à peu près au point médian des salaires versés aux dirigeants qui ont des responsabilités similaires au sein d'entreprises comparables.

Femmes au conseil

Yves Michaud mènera une autre bataille à l'assemblée annuelle: faire en sorte que d'ici trois ans, les femmes composent au moins le tiers du conseil d'administration de Bombardier.

À l'heure actuelle, ce conseil ne compte qu'une femme, Janine Bombardier.

«Heureusement qu'il y a une membre de la famille», ironise M. Michaud.

Le conseil d'administration recommande le rejet de cette proposition. Il s'engage toutefois à prendre en considération l'objectif de «maintenir une représentation féminine», tout en cherchant à recruter la personne la plus compétente «eu égard aux circonstances et aux enjeux du moment».

Le conseil d'administration recommande également le rejet d'une autre proposition de M. Michaud, soit d'inclure dans le rapport annuel un résumé exhaustif des états financiers des filiales de la société.

Yves Michaud fera la même proposition à l'assemblée annuelle de Power Corporation, le 10 mai prochain, mais le débat risque d'y être un peu plus animé. L'année dernière, M. Michaud a demandé à Power Corporation de lui donner accès aux états financiers de sa filiale Gesca (qui regroupe notamment La Presse et Le Soleil).

Power Corporation a répliqué en présentant en Cour supérieure une requête visant à interdire cet accès à M. Michaud. L'entreprise fait valoir que la divulgation des états financiers de Gesca conférerait un avantage indu à son principal concurrent (Quebecor).

L'article 157 de la Loi canadienne sur les sociétés par actions reconnaît le droit des actionnaires de consulter les états financiers des filiales d'une société, mais il permet également à cette société d'avoir recours aux tribunaux pour faire interdire cet examen si elle est convaincue qu'il lui serait préjudiciable.

Dans une requête subséquente, Power Corporation fait valoir qu'un jugement éventuel dans ce dossier aura «une incidence importante sur les affaire et l'organisation d'autres sociétés publiques».

Le tribunal se penchera sur ce dossier en septembre prochain.