On n'apprécie jamais autant son patron que lorsqu'un autre, plus menaçant, se pointe à l'horizon.

On n'apprécie jamais autant son patron que lorsqu'un autre, plus menaçant, se pointe à l'horizon.

Les syndicats de BCE n'ont pas été tendres envers la société dirigée par Michael Sabia au cours des dernières années. Mais ils souhaitent ardemment que BCE ne passent pas aux mains de Kohlberg Kravis Roberts (KKR), un fonds d'investissement privé de New York.

«Malgré tous les reproches qu'on a pu faire à BCE, c'est quand même l'une des grandes entreprises au Canada. Ce serait une catastrophe si BCE passait aux Américains», dit Michel Ouimet, vice-président du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier (SCEP). Le syndicat représente environ 12 000 employés de BCE au Québec et en Ontario.

Le SCEP s'est dit satisfait des explications de BCE, qui a publié hier une déclaration à la demande de la Bourse de Toronto au fait qu'elle «n'était en discussion avec aucun investisseur privé au sujet de la privatisation de l'entreprise».

BCE a aussi pris le temps de rassurer les syndicats. «On nous a dit que c'était non pour le présent et non pour le futur, dit M. Ouimet. Il ne reste qu'une seule possibilité sur laquelle BCE n'a aucun contrôle: une prise de contrôle hostile.»

Une entreprise étrangère comme Kohlberg Kravis Roberts ne peut détenir plus de 46 % d'une société canadienne de télécommunications en vertu des lois actuelles. C'est pourquoi les syndicats de BCE ont le ministre de l'Industrie, Maxime Bernier, à l'oeil.

«Les lois nous protègent mais le ministre Bernier a tendance à vouloir abolir la règle du 46 %, dit M. Ouimet. Si BCE passe aux mains des Américains, la transaction ne sera pas bien accueillie par les syndicats et la population. Nous réagirons à ce moment-là et nous ferons pression sur le gouvernement pour qu'il intervienne. Mais nous espérons que nous n'aurons pas à nous rendre jusque là.»