Prévoyant des négociations tumultueuses avec les employés du Journal de Québec, des responsables des hebdos régionaux de Quebecor tentent de recruter des travailleurs non syndiqués prêts à "s'exiler à Toronto" pour y faire la mise en page du quotidien de la capitale en cas de grève ou de lock-out.

Prévoyant des négociations tumultueuses avec les employés du Journal de Québec, des responsables des hebdos régionaux de Quebecor tentent de recruter des travailleurs non syndiqués prêts à "s'exiler à Toronto" pour y faire la mise en page du quotidien de la capitale en cas de grève ou de lock-out.

Dans un courriel interne envoyé à une quinzaine de dirigeants d'hebdos régionaux et obtenu par La Presse, on peut lire que les personnes recherchées entreraient en fonction "à compter de la mi-janvier".

En principe, les quatre syndicats du Journal de Québec, actuellement en négociation pour le renouvellement de leur convention collective, obtiendront le droit de grève le 24 janvier.

"Je vous demande la plus grande DISCRÉTION dans la recherche de candidats potentiels. Vous comprendrez que la situation est très délicate et qu'il faut marcher sur des oeufs ici", peut-on lire dans la missive envoyée par Anne-Marie Cadieux, ancienne rédactrice en chef du quotidien gratuit 24 heures et aujourd'hui responsable du contenu rédactionnel pour les hebdos du groupe Quebecor.

"Cette offre s'adresse évidemment aux employés non syndiqués" et à des pigistes, indique la requête. "Évidemment, ces gens seront "généreusement" récompensés pour leurs efforts."

Lors d'un entretien téléphonique, Mme Cadieux a affirmé hier ne pas être la personne qui a envoyé le courriel. "Je ne peux pas vous le jurer", a-t-elle cependant affirmé après avoir été confrontée à la lecture du texte. Quant aux gestionnaires d'hebdos questionnés par La Presse, un seul a admis avoir reçu le courriel de Mme Cadieux.

Pas de loi antiscabs en Ontario

Selon le professeur de droit du travail Alain Barré, de l'Université Laval, l'envoi de travailleurs à Toronto advenant une grève permettrait à Quebecor de contourner la loi antibriseurs de grève (antiscabs) en vigueur au Québec.

"Il n'y a pas de telle loi en Ontario", explique-t-il. "En considérant que le Code du travail permet en plus à un employeur d'utiliser la sous-traitance en cas de grève, Quebecor s'assure doublement de pouvoir poursuivre ses activités sans problème."

En 1993, alors qu'un lock-out avait été décrété contre les pressiers du Journal de Montréal, Quebecor avait transféré à Cornwall l'impression de son quotidien montréalais.