Vincent Lacroix aurait produit de faux documents pour expliquer à l'Autorité des marchés financiers comment il s'y prenait pour investir de sa poche des dizaines de millions de dollars dans Norbourg.

Vincent Lacroix aurait produit de faux documents pour expliquer à l'Autorité des marchés financiers comment il s'y prenait pour investir de sa poche des dizaines de millions de dollars dans Norbourg.

C'est du moins ce qu'a affirmé mardi le juricomptable François Filion, qui témoigne au procès pénal de M. Lacroix en répondant aux questions du procureur de l'AMF, Eric Downs.

En effet, lors de l'enquête administrative de l'AMF, qui eu lieu de novembre 2004 à août 2005, M. Lacroix aurait fourni 116 faux documents pour soutenir qu'il avait les revenus nécessaires afin d'investir lui-même dans Norbourg.

Lors d'une déclaration de son bilan personnel en date du 30 juin 2004, M. Lacroix a affirmé détenir 43,7 M$ en placements, en grande partie dans ses sociétés. Aussi, il aurait eu 14,1 M$ d'actifs à court terme.

Environ 42 M$ de ses placements auraient été constitués de capital-actions et d'avances dans Norbourg Groupe Financier et Norbourg Gestion d'actifs.

Là où le bât blesse, c'est que l'argent ne venait pas des revenus qu'il déclarait mais bien de l'argent retiré par Norbourg dans les poches des investisseurs. Rappelons que M. Lacroix est accusé d'avoir retiré de façon irrégulière environ 115 M$ chez le gardien de valeurs Northern Trust.

M. Lacroix aurait produit une panoplie de factures afin de «prouver» des revenus qu'il allait déverser dans les coffres de Norbourg.

Il aurait produit de faux états de compte chez Northern Trust, simulant des dépôts et des transactions sur des titres. Ensuite, les retraits affichés dans les mêmes documents coïncidaient à quelques jours près avec les retraits irréguliers à même l'argent des investisseurs.

Au 1er avril 2000, Vincent Lacroix aurait disposé de la rondelette somme de 30 M$ dans son compte chez Northern Trust. En 2004, le solde n'aurait été que de 3,3 M$, l'argent retiré ayant été injecté en apports de capital dans Norbourg.

Toutefois, Northern Trust aurait confirmé par écrit à l'AMF que Vincent Lacroix n'aurait jamais ouvert un compte à son propre nom chez elle.

Pour justifier ses revenus, M. Lacroix aurait aussi allégué avoir fait de la gestion pour des clients privés, le genre de clientèle richissime qui répartit son argent partout sur la planète au lieu de mettre toutes ses billes dans les mains d'une seule institution. Aussi, M. Lacroix aurait produit de faux contrats de service et des factures.

Norbourg Gestion d'actifs, Norbourg Groupe Financier et Norbourg International aurait aussi présenté à l'AMF des états financiers comprenant de fausses données alors que leurs activités intéressaient le gendarme des valeurs mobilières québécoises.

Rappelons que le vérificateur pour les états financiers de Norbourg était la firme Deschambault Saint-Jean.

Un juge soucieux

Le juge Claude Leblond a continué à démontrer un grand souci quant à la validité des preuves qu'il reçoit en l'absence d'un avocat de la défense pour soulever des questions.

Au moins 45 minutes ont été consacrées mardi à des échanges entre le juge Leblond, Me Downs et le témoin François Filion à ce sujet.

Le juge posait beaucoup de questions quant au fait que M. Lacroix aurait pu s'incriminer lui-même en fournissant des documents sur sa situation financière lors de l'enquête administrative de l'AMF.

Le magistrat craignait que M. Lacroix n'ait été contraint de fournir à la poursuite des documents qu'elle n'aurait pu obtenir elle-même autrement.

Le témoin François Filion s'est montré confiant que la documentation produite par Vincent Lacroix ne faisait que s'ajouter en soutien aux preuves déposées à la cour. Il a expliqué qu'en somme, les données tirées du bilan personnel de l'ancien PDG de Norbourg pouvaient aussi être trouvées dans les états financiers de ses sociétés.