Q Jadis identifiée à l'élite de la Haute-Ville de Québec, la Chambre de commerce de Québec a été maintes fois accusée de lever le nez sur les gens d'affaires ordinaires, les petits entrepreneurs et les commerçants. Cette réputation est-elle en train de disparaître?

Q Jadis identifiée à l'élite de la Haute-Ville de Québec, la Chambre de commerce de Québec a été maintes fois accusée de lever le nez sur les gens d'affaires ordinaires, les petits entrepreneurs et les commerçants. Cette réputation est-elle en train de disparaître?

R C'est vrai, nous étions identifiés à l'establishment. Le old boys network. L'image reste encore. La Chambre de commerce de Sainte-Foy, c'était celle des petites entreprises.

Celle du dynamisme des jeunes gens d'affaires. Mais ça change depuis l'arrivée de Beauport et de Charlesbourg. Nous allons profiter du regroupement avec la Chambre de commerce des entrepreneurs pour se coller davantage aux préoccupations bien concrètes des petites entreprises. Nous continuerons aussi d'aborder des enjeux plus larges liés, par exemple, à l'économie internationale.

Q Des gens d'affaires militent, par les temps qui courent, en faveur de la création d'une chambre qui ne regrouperait que des industriels et des commerçants. Dehors les avocats, les notaires et les comptables ! Est-ce une menace pour la Chambre de commerce de Québec?

R Je n'y vois pas une menace mais plutôt un appel que l'on nous fait. Il va falloir faire à ces personnes une place au sein de la Chambre de commerce de Québec.

En accueillant les gens d'affaires de Sainte-Foy, nous venons, enfin, de nous donner une seule voix à Québec. C'est tellement important d'être capable de démontrer de la cohérence dans notre discours lorsque nous transigeons avec les paliers de gouvernement.

Q À l'heure de la rentrée, quels sont les thèmes que la Chambre de commerce de Québec va mettre de l'avant pour favoriser le développement économique?

R Quatre sujets vont retenir l'attention : les besoins de main-d'oeuvre qualifiée et multilingue des entreprises; l'émergence à Québec d'un milieu davantage propice à la croissance des entreprises; l'amélioration de l'accessibilité à la région notamment par la venue d'un train rapide entre Québec et Ottawa; et la nécessité d'accoucher d'une vision commune du développement économique.

Malheureusement, il n'y a pas toujours de fil conducteur dans les discours des différents organismes économiques. En plus, il faudrait asseoir Lévis à la table. Une belle opportunité se présente à nous à la veille des prochaines élections à la mairie. Ne la ratons pas.

Q L'un des défis qui attend la région est celui de la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée et multilingue. Plusieurs sont d'avis que les entreprises ne se préoccupent guère de ce phénomène. Que doit faire la région à court terme pour faire face à la réalité?

R Il faut sensibiliser les entrepreneurs au phénomène qui s'en vient. Trop occupés à diriger leur business au quotidien, ils ne voient pas ce qui les attend au coin de la rue. Il faut aussi leur rappeler que la jeune génération de travailleurs ne ressemble pas à la nôtre. Leurs priorités ne sont pas les mêmes que les baby-boomers.

Pour eux, se taper des semaines de travail de 60 heures et d'être fiers de le faire, ça ne fait pas partie de leur culture. Je pense aussi qu'il faut faciliter la poursuite de la vie active des retraités en ne leur imposant pas des pénalités fiscales s'ils veulent continuer à travailler deux ou trois jours par semaine.

Q L'immigration n'est-elle pas une solution?

R Oui, mais il y a du travail à faire au niveau de l'ouverture des entreprises à accueillir des travailleurs immigrants. C'est encore un problème. Il ne faut pas se le cacher.

Oui, les gens d'ici sont accueillants, mais ça représente tout un défi pour en arriver à gérer et à intégrer des personnes provenant de cultures différentes dans un environnement à 95 % blanc et francophone.

Un défi qui fait frémir beaucoup d'entrepreneurs. Ce qui est rassurant, par contre, c'est que la jeune génération d'entrepreneurs est davantage préparée à affronter le défi de l'immigration.

Q Est-ce difficile de faire des affaires à Québec?

R Ce n'est pas toujours une sinécure. Les entrepreneurs qui veulent agrandir ou rénover leur commerce ou leur entreprise se butent trop souvent à du red tape qui n'a pas sa raison d'être. C'est pire depuis la fusion des municipalités.

La réglementation n'est pas encore harmonisée et elle est appliquée différemment d'un arrondissement à un autre. Et la souplesse dans l'application de la réglementation n'est malheureusement pas toujours au rendez-vous.

Q Vous accordez de l'importance à la conciliation entre le développement économique et le développement durable. Vous dites que la région doit profiter des opportunités d'affaires que générera l'industrie du développement durable. Vous parlez même de la création d'un pôle d'expertise en cette matière. Le développement économique et le développement durable peuvent-ils faire bon ménage?

R Parce que nous nous faisons les promoteurs du développement économique, on passe souvent pour des gros méchants. Écoutez, nous aussi, nous avons des familles. Nous aussi, nous aimons la nature. Et nous, aussi, nous voulons laisser un environnement sain à nos enfants. Je suis un architecte et accrédité LEED (Leadership in Energy and Environnemental Design).

Cependant, on ne peut pas abandonner tous les projets de développement économique au nom de la protection de l'environnement. Il faut trouver un juste milieu.

D'ailleurs, en avril 2008, notre forum économique portera sur le développement durable. À la Chambre, nous analysons actuellement la possibilité d'accorder une certification à nos membres qui appliquent les règles du développement durable.

Q La Chambre de commerce de Québec s'est prononcée à plusieurs reprises en faveur du projet Rabaska à Lévis. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) a émis des recommandations favorables au projet. Tout le monde attend maintenant la décision du gouvernement du Québec. Ne craignez-vous pas que le gouvernement cède devant les pressions des opposants au projet ? Minoritaire, il ne voudra peut-être pas faire de vagues dans la région de Québec à quelques mois d'un appel aux urnes.

R J'avoue que j'ai une certaine crainte. Vous avez raison. Les politiciens pensent souvent à leur réélection. Ils ne veulent pas trop mécontenter les groupes de pression.

Par ailleurs, je serais renversé d'apprendre que le gouvernement mettrait Rabaska au rancart après l'avis favorable du BAPE, un organisme indépendant. Même un syndicat, la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), est d'accord.

Ça serait catastrophique. Malgré tout, je demeure optimiste. Il va cependant falloir que ceux qui sont favorables à Rabaska se fassent entendre davantage.

C'est maintenant chose faite. Il n'y a plus qu'une seule chambre de commerce sur le territoire de la Ville de Québec. Après le regroupement, en 2001-2002, de la Chambre de commerce de Beauport-Côte-de-Beaupré et de la Chambre de commerce de Charlesbourg-Chauveau avec la Chambre de commerce et d'industrie de Québec - - pour donner naissance à la Chambre de commerce de Québec - , c'est au tour de celle de Sainte-Foy de joindre les rangs.

En effet, le mariage entre la Chambre de commerce de Québec et la Chambre de commerce des entrepreneurs de Québec est officiel depuis hier. Pour l'occasion, Le Soleil a rencontré le président de la «nouvelle» Chambre de commerce de Québec, Daniel A. Denis.

Architecte de profession et président de la caisse Desjardins de Maizerets, M. Denis était à la tête de la Chambre de commerce de Beauport-Côte-de-Beaupré au moment de la fusion avec celle de Québec.